Pour tout mieux contrôler, il faut tout interdire. C'est de ce principe de paresse que la corporation des fainéants a interdit l'opposition puis la contestation pour finir par interdire la pensée, l'expression puis le rassemblement par obligation de cadre à embrasser. Pour arriver à ne plus rien contrôler du tout, la vague ayant englouti la digue construite en poissons avec l'argent des poissons pour que les poissons ne demandent pas autre chose que du pain en miettes. Depuis quelques mois, les créatures marines ont exigé du respect avec respect mais une difficulté est apparue entre espadons, requins, crevettes ou sardines quant à la représentation de ce mouvement défini par un égalitarisme calqué sur le niveau absolu du zéro de la mer : personne ne le représente, il est un, tous, le groupe et le peuple, la foule et la nation, la mer et ceux qui vivent dedans. D'où ce retard pris pour trouver une représentation coordonnée, jusqu'à hier où une conférence réunissant une centaine d'associations, syndicats et organisations ont adopté une feuille de route, transition logique et nationaliste de six mois à un an sous contrôle d'une instance collégiale de personnalités non touchées par l'infamie. Cette conférence n'a pas été interdite, comme cela aurait été le cas il y a quelques mois, ce qui est bon signe, mais l'autorisation n'a été donnée que le matin même de sa tenue, ce qui est mauvais. Sur le diagnostic, rien à dire, «une accumulation de luttes militantes contre un régime politique autoritaire qui a nui à la nation et pratiqué la destruction systématique des institutions politiques, économiques et sociales de la société». Sur la solution, comme un psychiatre devant un psychopathe qui doit admettre ses crimes avant tout traitement, c'est plus complexe. Que va dire le régime qui ne cesse d'appeler au dialogue ? Réponse, toujours mardi, par le même président intérimaire, par le même toujours chef d'état-major. Faut-il essayer les cachets ? Saïdal au secours de la nation.