Jeudi dernier, dès la fin de la journée, une impressionnante descente des forces de la DGSN et de la gendarmerie à El Kala a fait penser au pire. Des véhicules partout en grand nombre, les accès à la ville sous contrôle sévère et des rondes dans tous les coins ont laissé penser qu'un événement majeur dans le pays venait de se produire. En fait, il s'agissait d'une opération coup-de-poing pour rasséréner la population à l'ouverture de la saison estivale. Selon nos sources, cette opération a été décidée à la suite de la protestation de 8 associations de la ville, qui ont rendu publique une pétition dans laquelle il est demandé que des dispositions soient prises rapidement pour assurer la sécurité de la population et celle des estivants. La population d'El Kala double en été. On le sait par le volume des déchets qui sont récoltés et non pas par un recensement qui serait par ailleurs impossible à organiser. Les associations demandent la réouverture d'un ancien commissariat et la réalisation d'autres dans les quartiers populeux où sont mis en location des logements pour les estivants. «Il faut multiplier les rondes pour la recherche des armes blanches portées presque ostensiblement et surtout qu'on ne retrouve pas ces individus dans la rue après leur présentation devant le procureur, ce qui signifie qu'ils bénéficient de protection et de relations», notent-ils. Les citoyens s'insurgent encore contre les motocyclistes extrêmement bruyants et indisciplinés qui rôdent encore à des heures indues, comme ils exigent encore que la sécurité des biens et des personnes, comme l'éclairage public, atteignent les lieux les plus sensibles et les plus reculés de la ville. «Et puis, la sécurité, la quiétude et la sérénité, c'est aussi la distribution régulière de l'eau équitablement», réclament-ils. El Kala, comme d'autres villes de la wilaya, a connu de fréquentes et longues coupures d'eau. L'autre exigence est la fermeture des débits de boissons alcoolisées. Moins acceptable et teintée de religiosité et d' intolérance, elle met en cause la vie privée des gens et non pas la sécurité des citoyens. C'est le comportement de certains individus qui doit par contre être condamné. La pétition prend ensuite très curieusement la défense d'une corporation, celle des vendeurs de poissons et des marins pêcheurs. Comme elle souhaite encore que les parkingueurs clandestins soient pourchassés et que les autres fassent preuve de courtoisie, avec les conducteurs. En fait, les préparatifs de la saison estivale lancée au début du mois n'ont fait que reconduire les mêmes actions que les années précédentes. On nettoie un peu et on rafraîchit les bordures des trottoirs le long des axes principaux. On comble les ornières et les nids-de-poule restés béants depuis l'été dernier et on termine dans la précipitation les travaux en suspens depuis de longs mois. C'est que tout doit être au top avant l'arrivée des vacanciers. Tant pis pour la population locale. Elle devra supporter le calvaire le reste de l'année pour prouver sa grande hospitalité. Du moins, c'est ce que pensent les autorités locales. Des estivants nommés à tort touristes, qui en fait, sont des personnes qui voyagent pour leur plaisir, celui de se divertir, de découvrir et de se cultiver. Ce n'est pas à El Kala, qui possède certes d'énormes atouts naturels pour le tourisme proprement dit, mais qui est loin d'être une destination touristique, telle qu'on l'entend partout dans le monde. A quelques exceptions près, seulement des dortoirs en guise d'hôtels et des gargotes pour se restaurer, il n'y a pas d'infrastructures et de services touristiques dignes de ce nom. Par excès de langage, notamment de la part de médias incultes, El Kala «ville touristique» est une image qu'on doit à ses paysages environnants, alors qu'en fait elle est un groupement d'habitations sans âme où chaque année à la saison chaude se déverse sur ses plages insalubres une foule non maîtrisée de baigneurs inciviques.