il ne se passe pas un jour dans la wilaya d'El Tarf où l'on ne signale pas une émeute ou une route coupée à la circulation, avec toutes les conséquences, souvent tragiques, que cela engendre. Lundi, un pic a été atteint. Pour divers motifs, des individus d'El Tarf, mais également d'autres localités, ont semé la confusion dans la ville, voire dans toute la wilaya. Ils ont carrément fermé les accès au chef-lieu en érigeant sur les routes principales des obstacles avec des pneus enflammés. En réalité, le chef-lieu était déjà isolé depuis dimanche, avec la route coupée à Guergour, extension urbaine à 2 km à l'ouest de la ville, sur la RN44. Des émeutiers particulièrement intransigeants et agressifs qui n'ont fait preuve d'aucune mansuétude vis-à-vis de personnes âgées malades qui se rendaient à des rendez-vous pour des soins ont fermé la circulation. Ils protestaient, une récurrence de 30 ans, pour avoir été abandonnés dans des chalets en amiante, avec un nombre anormalement élevé de cas de cancers. Les centaines de voyageurs par bus et minibus, il y en a 400 sur cette ligne, ont dû faire le reste de la route à pied. Le spectacle était hallucinant, selon des témoins, un exode. Les automobilistes ont dû faire demi-tour et emprunter un détour de 45 km ! Parmi eux, des universitaires en examen, des fonctionnaires qui rejoignaient leurs lieux de travail, des centaines de personnes attendues pour des rendez-vous médicaux ou professionnels. Lundi, les émeutiers de Guergour ont poursuivi leur action avec les mêmes effets sur la circulation des personnes et les transports publics. N'ayant pas obtenu de résultats la veille, ils ont porté leur protestation au cœur de la ville en fermant l'accès à la gare routière, obligeant de la sorte les voyageurs à courir dans tous les sens à la recherche d'un transport. Ils ont été rejoints à la mi-journée par d'autres protestataires venus de Chatt et d'El Tarf au départ, pour un sit-in devant la wilaya. 3 barrages en flammes ont alors été érigés, qui ont fini par couper le chef-lieu du reste du monde. Seule la sortie par Aïn Khiar a été épargnée. Les protestataires réclamaient la publication des listes des bénéficiaires de logements, qui sont en suspens depuis début février. La semaine dernière, ce sont les habitants de Bensenti qui ont barré la route à l'est du chef-lieu. A moins d'un kilomètre du barrage de Mexa, ils n'ont pas reçu une goutte d'eau pendant près d'un mois.