Le mouvement populaire écrit aujourd'hui son acte 20. Aujourd'hui, la mobilisation est particulière, les Algériens fêtent à leur manière les 57 ans d'indépendance. Ce vendredi n'est pas un vendredi comme les autres. La mobilisation populaire bouclera sa 20e semaine, mais surtout ce vendredi coïncidera avec la célébration du 57e anniversaire de l'indépendance. Une date symbolique que les Algériens ne voudront pas rater. Les appels à une forte mobilisation sont lancés depuis déjà vendredi passé. Les Algériens insistent sur la nécessité et l'importance de garder le cap. Un «vendredi de l'indépendance». Car «l'Algérie nouvelle ne peut pas être une copie, même colorée, de celle d'hier. Elle ne pourra pas non plus se construire sans la consécration des libertés, individuelles et collectives». A la veille de la célébration de la fête de l'indépendance, il faut dire que le cœur n'y est pas entièrement, raison de plus, lancent certains sur les réseaux sociaux, de «maintenir la mobilisation» pour «libérer» le peuple après «avoir libéré le pays en 1962». A la veille de cette «fête», 45 personnes ont été arrêtées lors des deux dernières marches de vendredi et mardi dans les différentes villes du pays pour essentiellement «atteinte à l'unité nationale». La marche d'aujourd'hui se concentrera également sur un slogan phare : la libération de Lakhdar Bouregaa ainsi que tous les «détenus d'opinion». Les engagements et les messages se multiplient pour «réussir» la mobilisation. D'abord cette lettre d'intellectuels à l'adresse du procureur général. «… Monsieur le procureur général, ce procès sera également le nôtre ! Pour avoir participé aux mêmes manifestations que les détenus que vous vous apprêtez à sacrifier pour sauver un régime délinquant ; Pour avoir déployé le même emblème amazigh ; Par solidarité avec les victimes de la répression et de l'arbitraire ; les signataires demandent à être inculpés pour ‘‘atteinte à l'unité nationale''. Le jour du procès, nous serons dans le box des accusés, unis dans la diversité de nos convictions…». Appel Et aussi l'appel vidéo lancé notamment par Fatiha Benabbou, Nacer Djabi, Mustapha Bouchachi, Karim Tabou. Les messages se multiplient aussi sur le Net : «Le cœur gorgé d'espoir, les têtes pleines de promesses, des millions d'Algériens défileront demain (aujourd'hui, ndlr) pour ce qui promet d'être en Algérie. ça sera le plus beau 5 juillet depuis 1962. Puisse ce 20e vendredi de révolution déclencher enfin, en face, le seul sursaut valable : l'abandon.» Ou «Ce vendredi, l'Algérie a besoin de tous ses enfants pour espérer faire tomber un régime illégitime qui ne veut pas partir». Un contexte particulier. A la veille de cette marche qui s'annonce «historique», le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, fait une nouvelle offre politique. Il renouvelle son appel au «dialogue national inclusif» sur la tenue de la prochaine élection présidentielle sous l'égide de personnalités nationales indépendantes. El Watan week-end a donc choisi de consacrer son édition d'aujourd'hui à l'événement. Il a donné la parole au sociologue Nacer Djabi. «Le hirak représente une nouvelle Algérie que le système politique ne peut plus gérer parce que les références ont changé et sont plus modernes. Le 5 juillet est une étape importante de cette nouvelle Algérie» (lire l'entretien). Puis cette détermination de libérer le peuple après l'indépendance d'un pays depuis 57 ans. Aït Ahmed avait dit un jour : «Nous avons libéré le territoire, il nous reste à libérer le peuple». (A lire dans le dossier). Un dossier est également consacré à la participation sans faille des femmes au mouvement populaire qui tentent depuis 1962 à arracher, au compte- gouttes, leurs droits. Dans ce même dossier, la parole est également donnée à la militante Nassera Merrah et à la moudjahida originaire des Aurès, Zebida Zeghichi. A lire aussi le portrait d'un jeune acharné, assoiffé de liberté. Gloire à nos martyrs.