L'Algérie gagne sa seule Coupe d'Afrique en 1990, puis rien jusqu'à 2010, où l'Algérie arrive en finale mais la perd. Près de 30 ans ainsi sans rien gagner, dont 20 ans de bouteflikisme, 1000 milliards de dollars et un pillage organisé sans précédent. Si ceux qui ne sont pas forcément passionnés de football ont suivi cette Coupe d'Afrique 2019 avec attention, c'est qu'il y a autre chose ; une société en révolte depuis 5 mois, avec près de 20 millions de personnes dans la rue pour changer pacifiquement de régime, sans casse ni pillage, et qui garde ses cafés, magasins, voies d'approvisionnement et administrations ouvertes, qui arrive à démettre son Président, à faire mettre en prison son chef de la Sécurité militaire, son chef du gouvernement, son frère de Président, son chef du FLN et qui atterrit en finale d'une coupe continentale, sous vide institutionnel, avec un gouvernement invisible et un président absent… c'est remarquable. C'est d'autant plus compliqué qu'en temps de crise, d'affrontement de groupes pour prendre le contrôle et de tensions sur le futur, c'est en général la stabilité qui prend un coup. Mais l'équipe de Belmadi a tenu plusieurs matchs de suite sans défaite, unie et soudée sans douter. Il y a bien sûr encore des gens qui pensent qu'il faut perdre la Coupe d'Afrique parce qu'une victoire arrangerait le régime et lui donnerait une marge de manœuvre supplémentaire. Evidemment, les «salihine», Bensalah et Gaïd Salah, vont récupérer le mouvement et peut-être même affirmer qu'ils sont derrière ces victoires, le général ayant téléphoné au capitaine Belmadi la veille pour lui ordonner de mettre le soldat Mandi sur le couloir droit. Mais ce raisonnement défaitiste a un défaut : l'exclusivité, soit on gagne la coupe à l'international, soit on gagne un nouveau pays en local, ce n'est pas compatible. Alors que c'est faux, l'Algérie peut faire les deux. Et même monter sur la Lune en 2025 pour exiger des extraterrestres de dégager tous les Terriens. Yetna7aw ga3.