le phénomène de l'exposition prolongée des boissons au soleil, particulièrement l'eau minérale, prend de l'ampleur ces dernières années. Cela, sans que les consommateurs ou les vendeurs ne prennent conscience du danger qui menace la santé de la population. Cette pratique est constatée chaque jour davantage, au niveau de plusieurs quartiers populaires de la wilaya de Constantine, notamment Djebel El-Ouahch, les Frères Abbès (connu par Oued El -Had), El Gammas, la vieille ville de Constantine, la nouvelle ville d'Ali-Mendjeli et d'autres communes. Pourtant, le décret exécutif n° 17-140 du11 avril 2017 fixant les conditions d'hygiène et de salubrité lors du processus de mise à la consommation humaine des denrées alimentaires, interdit fermement l'exposition des produits alimentaires en dehors des locaux. Les conséquences de ce phénomène peuvent être fatales car il ne se limite pas uniquement au niveau des grossistes. Sur les routes, l'on constate régulièrement des camions non frigorifiques transportant sur des kilomètres des boissons gazeuses ou de l'eau minérale exposée aux différents changements climatiques. Abdelghani Bounaas, chef de service du contrôle et de la répression de fraude à la direction du commerce, affirme que le problème ne se pose pas au niveau du producteur. Car, selon ses dires, ce dernier se protège à travers l'étiquetage, sur lequel il est mentionné que le produit «est à conserver à l'abri du soleil et de la chaleur». La responsabilité revient donc aux intervenants assurant le processus de la mise à la consommation d'un produit précis. «Depuis le 21 juin, nous avons renforcé la sensibilisation et le contrôle routier en concertation avec les services concernés, à savoir la Gendarmerie et la sûreté de wilaya. D'ailleurs, nous avons saisi la semaine dernière sur la route d'El Menia, 168 litres d'eau de source conditionnée dans des bouteilles en plastique», a-t-il déclaré, en rassurant que cette pratique a connu un net recul par rapport aux années précédentes. «Mais le danger est toujours présent, vu qu'il y a une réaction entre le contenu et le contenant provoquée par les rayons de soleil», ajoute-t-il. «Consommer une denrée alimentaire conservée dans le plastique une fois par an, n'aura pas un effet aigu sur la santé de l'humain. Mais la consommation régulière et à longueur d'année, provoque systématiquement une accumulation des effets. Cela cause de graves maladies», alerte M. Bounaas, qui souligne que ce phénomène est moins fréquent par rapport aux autres régions limitrophes de la wilaya de Constantine. Etayant ses déclarations par des chiffres, notre interlocuteur annonce 2 684 interventions des services du commerce durant les sept premiers mois de l'année en cours. Ces interventions entrent dans le cadre du suivi du phénomène des expositions des produits alimentaires en dehors des locaux. Ils ont enregistré durant ces interventions 164 infractions et 164 PV de poursuites judiciaires ainsi que la saisie de 9,5 tonnes de produits alimentaires, en particulier les boissons sucrées et les eaux minérales. La valeur de la saisie est estimée à 2 016 648 DA. En dépit de la grande campagne de sensibilisation et de contrôle lancée durant l'été, les mêmes services ont enregistré en ce mois de juillet 189 interventions, qui se sont soldées par 13 infractions et 13 PV de poursuites judiciaires. La valeur des produits saisis, dont les boissons exposées au soleil, est de 338 560 DA. En plus du décret exécutif 17-40, la wilaya a également établi un arrêté le 28 octobre 2018 interdisant l'exposition des denrées en dehors des locaux, mais le recul du phénomène demeure imperceptible sur terrain.