Le contexte régional est celui d'une exacerbation des tensions dont témoigne l'amplitude des changements en cours depuis plusieurs semaines. Premièrement, les Emirats arabes unis après avoir manifesté au cours de ces derniers mois une franche hostilité à l'Iran ont fait marche arrière. Cette reculade a été spectaculairement illustrée par l'accord de coopération en matière de sécurité aux frontières entre Téhéran et Abou Dhabi, signé hier conformément au souhait exprimé le 26 juin dernier par le ministre émirati des Affaires étrangères, Abdallah Ben Zayed Al Nahyane, de se prémunir contre une montée des tensions. Face à l'attitude ferme et intransigeante de l'Iran dans l'escalade avec les Etats-Unis et Israël et le risque de basculement dans un conflit ouvert, les Emirats semblent craindre les conséquences désastreuses pour leur économie en cas de représailles iraniennes contre l'émirat de Dubaï, l'un des centres névralgiques pour le commerce et les investissements. Deuxièmement, les Israéliens tout en poursuivant leurs manœuvres militaires sur le terrain mènent une redoutable campagne médiatique contre le Hezbollah. Dans son article «Hezbollah Turning Syria Villages on Israël Border Into Fortresse», paru le 3 août dernier dans Haaretz, Amos Harel revient sur les accusations israéliennes selon lesquelles le Hezbollah fortifierait les villages où ses forces sont positionnées dans le Golan, sous l'œil bienveillant des Russes, qui se seraient engagés auprès de Tel-Aviv à refouler la présence iranienne de la frontière avec Israël. Amos Harel ne manque pas de rappeler que la Russie a nuancé son engagement israélien trop exclusif, en affirmant que «lorsqu'Israël est venu se plaindre auprès des Russes de la présence du Hezbollah du côté syrien du plateau du Golan, on leur a dit que les promesses ne concernaient que les Iraniens eux-mêmes, et non leurs agents». Moscou, qui s'est plusieurs fois retrouvé en délicatesse avec Tel-Aviv, continue d'adopter une position ambivalente dans la confrontation irano-israélienne. En outre, les informations rapportées dans ce contexte d'instabilité croissante par le journaliste israélien Mathew Levitt, selon lesquelles Ali Kourani et Samer El Debek – deux membres du Hezbollah – auraient confié au FBI, deux ans après leur arrestation, leur mission de surveillance pré-opérationnelle concernant d'éventuelles attaques de l'organisation aux Etats-Unis et au Panama, s'inscrivent également dans cette offensive médiatique contre le groupe. La guerre contre l'Iran et le Hezbollah constitue désormais un axe explicite de la politique israélienne. Dans cette nouvelle configuration, les groupes de pression israéliens aux Etats-Unis redoublent d'activisme pour amener l'administration Trump à conclure un traité de défense. Washington signataire d'une cinquantaine de traités de coopération en matière de défense, n'a jamais contracté un pacte de défense mutuel avec Tel-Aviv, ce dernier – qui a toujours cherché à préserver son autonomie décisionnelle – avait jusque-là refusé de s'engager dans un dispositif contraignant. Il s'agit donc d'un véritable changement dans la doctrine militaire d'Israël, qui consacrerait l'ascendant de la solidarité entre «alliés» sur l'autonomie de décision dans l'hypothèse de plus en plus probable, où Tel-Aviv projetterait d'attaquer les sites nucléaires iraniens.