Les habitants d'un quartier n'ont pu recevoir leur part, soit 4 heures par mois, survivant grâce à la récupération des eaux de pluie. L'une des régions les mieux arrosées d'Afrique du Nord, ce qui est très relatif, puisque l'Algérie est de plus en plus un pays aride, avec trois barrages opérationnels qui cumulent théoriquement 200 millions de m3 pleins après les dernières pluies qui ont apporté près de 70 litres d'eau par m² depuis le 1er septembre. Les eaux de surface fournissent annuellement plus de 20 millions de m3 à l'alimentation en eau potable (AEP), autant que les eaux souterraines puisées dans une centaine de forages souvent en panne. Pour distribuer le précieux liquide, il y a un réseau de 2000 km de conduites, le nœud gordien de l'AEP dans cette wilaya de 400 000 habitants, qui crèvent de soif hiver comme été. Avec cette eau, les robinets sont à sec une grande partie de l'année dans les principales agglomérations. La ressource en eau ne manque donc pas et suffit largement pour la population d'El Tarf et celle de Annaba, approvisionnée par les deux barrages de Mexa et Bounamoussa (El Tarf), en plus d'une soixantaine de forages, dont la moitié a été perdue par manque d'entretien du champ captant de la nappe dunaire de Bouteldja (El Tarf), qui donne l'excellente eau mise en bouteille avec les marques Bouglez et Righia. A terme, avec 4 nouveaux barrages en projet, celui de Boukheroufa est en cours de réalisation, El Tarf deviendra le réservoir du nord-est du pays. Et avec tout cela, c'est le pays de la soif. Depuis des décennies. Avec des financements colossaux engloutis par ce secteur, on parle de 1000 milliards centimes pour faire la relation avec les mille milliards de dollars de la période Bouteflika, les walis qui se sont succédé à la tête de l'exécutif se sont fracassés face à la question de l'AEP. Des améliorations, il y en a eu, c'est certain. Dans les chefs-lieux des communes et dans les zones rurales. Les populations reçoivent de l'eau au lieu de la puiser et certains quartiers dans les agglomérations reçoivent assez régulièrement leur ration car, à notre connaissance, il y a aucun endroit de la wilaya où l'eau coule en permanence. Cet été, El Kala et sa région, destination de milliers de vacanciers nationaux, ont cruellement manqué d'eau. Un quartier de cette ville n'a pu recevoir sa part que pendant 4 heures en un mois. Ils ont survécu grâce aux eaux des pluies précoces qu'ils ont récupérées dans des récipients. Les déboires d'une région La preuve ? Les camions avec 3 citernes qui vendent de l'eau potable, autrefois cantonnés dans le secteur de Dréan-Besbes-BenMhidi, sont de plus en plus visibles depuis le début de l'été. Les motifs sont récurrents et relèvent de la gestion : pannes des équipements, notamment les forages, coupures de courant, casses et autres fuites sur les réseaux et fréquents et incompréhensibles arrêts de la station de traitement du barrage de Mexa, nœud gordien de la distribution dans le couloir entre El Aïoun, à l'est, et Chatt, à l'ouest. De l'autre côté de la wilaya, les agglomérations de Dréan, Besbès, Ben Mhidi et Chatt continuent de recevoir de l'eau saumâtre, lorsqu'elle est distribuée, bien entendu. La longue histoire d'une conduite entre «les Salines» et Besbès, réparée plus d'une fois puis complètement refaite, mais sans grand succès, accompagne les déboires de cette région. Les services concernés, l'ADE et encore les communes, ne sont pas en mesure de la gérer sans la gaspiller la précieuse ressource. Manque de compétence des gestionnaires, de qualification des personnels, d'organisation, de professionnalisme, enfin tout. Ce qui n'est pas propre à ce secteur, mais ce dernier est vital pour un pays où plane la menace d'une plus grande sècheresse par le changement climatique et où on doit vite apprendre à comptabiliser chaque goutte d'eau, comme ont déjà appris à le faire des pays où l'eau est vraiment précieuse.