Main lourde ou légère, verdict téléphoné ou téléphonique, les peines prononcées contre le groupe peuvent paraître excessives ou, au contraire, pas assez dures au vu des accusations de «complot contre l'autorité de l'Etat» et «atteinte à l'autorité de l'Etat». Il s'agit bien d'autorité, sauf que la preuve qu'il y a bien eu complot ne peut se trouver que dans les enregistrements de cette conversation du 27 mars entre Saïd, les deux T et Louisa Hanoune, le reste n'étant que points de vue. Il y a en effet une différence entre une réunion pour une issue à la crise, instaurer l'état de siège, pour changer de chef d'état-major ou de chemise et celle où l'objectif est de renverser le pays, de le mettre à feu ou le vendre sur un marché de gros. Cet enregistrement, que le procureur et le juge ont dû écouter pour justifier la condamnation, n'a pas été rendu public. Mais qu'y a-t-il dedans ? Qu'y a-t-il dans cette villa de Diar El Affia, où cette fameuse réunion a eu lieu et qui n'a jamais porté aussi mal son nom, sur une assiette du MDN, que Toufik et Nezzar ont récupérée à titre privé ? Surtout, qui a enregistré cet échange à l'insu du patron et de l'ex-patron des Services ? Car pour enregistrer le chef et l'ancien chef du DRS, deux officiers qui ont écouté toute l'Algérie, il faut être efficace. Qui a accompli cet acte audacieux ? Le DSS ou la SA, Sécurité de l'Armée ? La CIA, la NSA ou l'ambassade de France qui est juste à côté ? La Seaal, spécialisée dans les tuyaux, aussi à côté, ou Mobillis qui est un peu partout ? La SLC du fils Nezzar, spécialisée dans le haut débit et située sur le même terrain ? A moins qu'il ne s'agisse d'un inconnu, subtil agent du Service des Services à l'oreille bien pendue. En attendant l'enregistrement, c'est à cette personne, qui a réussi à espionner les deux hommes les plus paranoïaques, les mieux informés, les plus suspicieux, les plus secrets et prudents du pays, que l'on doit confier tous les Services d'espionnage et de contre-espionnage algériens.