Difficile de parler d'Algérie à l'extérieur, en bien ou en mal d'ailleurs, pour des élections ou pour le hirak. A chaque déclaration, c'est une avalanche de critiques qui pleuvent du pays de l'hyper souveraineté pour remettre chacun à sa place, voire menacer d'envahir la terre d'où la déclaration est venue. Du coup, même la Russie, les USA, la France, le Tchad et les îles Fidji n'osent prononcer un mot sur l'Algérie. A part Maja Kocijancic, porte-parole des Affaires étrangères du Parlement européen, dont les récents propos sur l'exigence des droits de l'homme, élection et protection des baleines de l'Atlas saharien ont été qualifiés d'ingérence par le Général, le FLN et Ali Benflis, contrairement au porte-parole du gouvernement algérien, Hassan Rabehi, qui a paradoxalement salué cette position. En théorie, chacun a le droit de donner un avis et Maja est majeure, sauf que sur la Palestine, elle demandait le 4 mai dernier à ce que «les missiles tirés de Ghaza soient immédiatement stoppés», oubliant le contexte. Sur le Yémen, elle expliquait le 21 septembre dernier que «l'annonce d'Ansar Allah sur l'arrêt des actions militaires [yéménites] contre le royaume d'Arabie Saoudite constituait une bonne étape». Et évidemment sur la Syrie, elle a suivi l'OTAN à la lettre, il faut éliminer Al Assad, quitte à détruire le pays et s'allier avec Daech. En 2018 d'ailleurs, lors de l'attaque chimique de Douma, dont l'origine n'avait pas été formellement identifiée, elle a accusé sans preuves le régime d'Al Assad, alors que l'alerte sur l'attaque avait été donnée par les Casques blancs, organisation «humanitaire» financée par les Américains et fondée par un officier de l'armée britannique, James Le Mesurier, actuellement conseiller militaire du Qatar. Maja est majeure, mais l'Algérie étant plus ou moins dans l'axe géostratégique Syrie-Russie-Yémen, on peut froncer les sourcils. Ne soyons pas pour autant fermés ni trop suspicieux. Les étrangers ont le droit de parler de l'Algérie. Mais en silence.