Batman, ce mythique chevalier noir, est à l'honneur, à l'occasion de la 12e édition du Festival international de la bande dessinée d'Alger (FIBDA). En effet, c'est dans une salle archi-comble que les mordus que Batman se sont retrouvés, hier matin – dernier jour du festival –, au niveau de l'esplanade de Riadh El Feth à Alger, pour revenir un tant soit peu sur certains pans de ce personnage qui continue de conquérir des générations entières. Ainsi, trois auteurs et dessinateurs américains très prolixes, Paris Cullins, Steeve Harris et Shawn Martinbrough se sont relayés sur la scène pour aborder un angle précis de Batman. Le dessinateur afro-américain Paris Cullin estime que Batman avait une sorte de rancœur. Il voulait se venger, lui qui avait toujours comme partenaire le petit prodige Robin qui était là pour le canaliser. Paris Cullins confie qu'il a été recruté pour les dessins animés de Batman. Il a dessiné Batman pour mieux expliquer à un public plus large qui était le personnage réel et la véritable identité de Batman qui était Bruce Wayne. «Mais en réalité, dit-il, il n'existe pas de Bruce Wayne, il n'y a que Batman. Celui-ci est passé par une étape de psychose, une sorte d'état mental psychotique. C'est-à-dire lorsqu'il a perdu ses parents et son identité pour devenir par la suite Batman». L'orateur rappelle que le dessinateur original de Batman a été créé par Bob Kane et le scénariste Bill Finger mais il y a également d'autres artistes qui ont contribué à modeler le personnage, à l'image de Neal Adams ou encore Marshall. Pour Paris Cullin, ces trois dessinateurs ont toujours dessiné Batman comme Batman. Ils n'ont jamais divisé le personnage de Bruce Wayne. «Ce Batman là est toujours prêt à se battre et à être au cœur de l'action. Cela m'a facilité les choses. Cela m'a permis de mieux cerner le personnage. C'était une sorte de super héros de l'ombre. Un méchant mais assez gentil tout de même. Il y avait Bob Kane Corn qui était le plus connu des artistes qui ont travaillé sur le personnage. C'est l'un des rares auteurs et dessinateurs qui ont pu garder le style Batman et introduire de nouveaux personnages», dit-il. Le dessinateur Paris Cullins pointe du doigt toutes les séries télévisées qui sont tirées des bandes dessinées, les pin's, les t-shirt, à l'effigie de Batman. «Nous aussi nous devrions en tirer profit. Personne ne savait que tout cela a existé. On ne pouvait pas savoir que les t-shirts et autres allaient êtres tirés de nos bandes dessinées», explique-t-il. De son côté, le dessinateur américain Steeven Harris est revenu dans son intervention sur la période pendant laquelle il dessinait Batman. Il a dessiné Batman trois fois sur une période de six ans. La première fois, c'était en 1994, c'était juste des dessins sur deux pages. C'était un Batman solide avec beaucoup de muscles. «Quand j'ai revu, témoigne-t-il, le résultat, je me suis dit non. C'est trop beau. Deux ans après, nous avons travaillé avec d'autres amis dont Miller et Maurisson sur un ouvrage collectif. J'ai introduit le personnage du Jocker. J'ai également dessiné Batman sur deux numéros. Depuis, j'ai arrêté mais le plus important, c'est que je l'ai fait. J'ai également eu auparavant à travailler sur d'autres numéros». Quatre années plus tard, Steeven Harris a dessiné Batman pour une autre série. En 2001, il a eu la chance de travailler sur un ouvrage de Batman où il a eu l'occasion de dessiner Batman et toute sa famille dans un hôpital. Si le premier costume de Batman a été conçu en 1939, et redessiné en 1964, une question s'impose. Peut-on moderniser ce costume ? Les avis sont unanimes pour nos interlocuteurs : les artistes n'ont pas la possibilité ou le loisir de changer le costume de Batman ou de son aspect. C'est la boîte de Comics qui peut introduire des changements voulus. La simple modification du costume nécessite des réunions et des concertations. Steeve Harris note que lorsqu'il a dessiné Batman, on lui avait donné des orientations sur la manière de dessiner. La seule chose sur laquelle il pouvait apporter des modifications, c'était sur la longueur de la cape, la longueur des oreilles de Batman ou encore la manière dont il dirigeait ses doigts vers le ciel. Pour Paris Cullins, le fait de vouloir modifier le costume passe par un long processus de prise de décisions. Il arrive que le costume soit changé en fonction de l'environnement dans lequel va évoluer Batman. «Il y a un épisode où il y a Batman contre Spiderman et c'est là où on a ajusté le costume de Batman en fonction de ce qui allait se passer dans le scénario», éclaire-t-il. Le dessinateur fait-il parfois face à un manque d'inspiration ? Le dessinateur et encreur américain Shawn Martinbrough affirme qu'il y a des factures à payer dans son pays. Le coût de la vie est excessif. On doit dépasser ce syndrome pour pouvoir survivre. Il y a également la responsabilité. Il y a aussi des gens qui comptent sur nous pour produire. Pour Paris Cullins, il faut distinguer entre deux concepts : le talent et l'aptitude. Pour pouvoir dépasser ce syndrome, il y a la compétence. Il faut d'abord dessiner les formes pour pouvoir avancer.