Après avoir longuement campé devant le siège de l'APC de Djemorah, les protestataires ont radicalisé leur action en allant, depuis mardi dernier, se rassembler sur un rond-point de la RN87. Des dizaines de jeunes chômeurs de la daïra de Djemorah, incluant la commune éponyme, Branis, Beni Souik, Guedila, Mawrou et Aïn Dhiab, située à 38 km au nord de Biskra, poursuivent depuis des semaines (El watan du 7 août 2019) leur mouvement de protestation contre les patrons des grandes entreprises implantées dans les parages et qui, selon eux, recruteraient «des travailleurs étrangers à la région au lieu de nous donner la priorité en vertu des directives des plus hautes autorités locales», ainsi que contre leurs représentants municipaux qu'ils accusent d'inertie et d'être «inutiles et inopérants». «Dans cette région comptant des centaines de martyrs de la Guerre de Libération nationale, nous sommes soumis à plusieurs avanies, signes du laisser-aller et de l'incapacité des responsables à prendre en charge nos revendications ayant trait au désir d'une vie plus juste pour tous. Des dizaines de travailleurs arrivent du Nord, alors que les jeunes d'ici sont au ban de la société et forcément jetés dans tous les fléaux sociaux imaginables», a confié l'un des concernés. Après avoir longuement campé devant le siège de l'APC de Djemorah, dont ils ont paralysé les services durant des jours, sans réaction notable des responsables élus et fonctionnaires de l'Etat, les protestataires ont radicalisé leur action en allant, depuis mardi dernier, se rassembler sur un rond-point de la RN87, menant vers les cimenteries Biskria et Cilas, pour y entraver la circulation routière et, notamment, interdire aux dizaines de poids lourds de s'approvisionner en eau minérale, briques, ciments, argile et tout-venant extrait des oueds ainsi que d'autres matières et marchandises produites dans les unités industrielles de cette région du nord de Biskra, où il existe une quinzaine de grandes entreprises industrielles employant des milliers de travailleurs. Persuadés d'être dans leur bon droit, au grand dam des usagers de la route, particuliers et professionnels, lesquels ont été contraints de rebrousser chemin ou de patienter en vain durant des heures tandis que certains, déplore-t-on, ont été bombardés de grosses pierres par des adolescents à la colère exacerbée et ont vu le pare-brise de leurs voitures étoilés par les jets de pierres, les protagonistes ont bloqué ce tronçon autoroutier névralgique permettant de rallier la wilaya de Batna en passant par les détours et les ravins escarpés des Aurès. En application d'un ordre de réquisition de la force publique émis par le wali de Biskra, une brigade des forces antiémeute de la Gendarmerie nationale est intervenue, jeudi vers 11h, pour ouvrir la route et disperser les jeunes contestataires avec lesquels des échauffourées ont éclaté. Le soir de la même journée, les chômeurs en question ont réinvesti les lieux en signe de détermination et de défiance et 13 d'entre eux ont été arrêtés par les forces de l'ordre alors que l'on signale 3 gendarmes grièvement blessés par des jets de pierre, indique une source fiable. A noter que ce mouvement de protestation ne recueille pas l'assentiment du grand public, notamment des internautes qui s'élèvent globalement contre la paralysie du secteur économique de la wilaya de Biskra, lequel permet à des milliers de familles de subvenir à leurs besoins. «Ces entreprises emploient déjà des centaines de jeunes de la région et elles ont le droit de recruter qui elles veulent selon leurs besoins en ressources humaines qualifiées. Il y a des voix occultes qui poussent ces jeunes désespérés et oisifs à durcir leur mouvement au lieu de les calmer et de mieux les conseiller», a confié un observateur chevronné de la scène économique et politique locale.