Une fois de plus, la scène culturelle algérienne vient de perdre l'un de ses illustres comédiens en la personne de Abdelkrim Benkharfallah, dit Krimo. Le comédien est décédé à l'âge de 77 ans, mercredi matin à Alger, suite à une longue et pénible maladie. Il a été enterré en présence d'une foule nombreuse, le jour-même au cimetière de Mirramar à Alger. Ayant cumulé une carrière riche de plus d'une cinquantaine d'années entre le théâtre, le cinéma et la télévision, Abdelkrim Benkhaffallah a côtoyé certains monstres du quatrième art, à l'image des regrettés Ali Abdoun et Mahieddine Bachtarzi. Le comédien a brillé dans plusieurs rôles, notamment dans la célèbre série télévisée Pas de gazouz pour Azzouz, laquelle a marqué les esprits de l'époque des années 90'. Il a aussi joué dans plusieurs longs métrages algériens et étrangers dont Hassen Terro de Mohammed Lakhdar Hamina, L'âge d'or de Sergio Spina, ou encore Les Aveux les plus doux d'Edouard Molinaro. Si le défunt s'est retiré totalement du petit écran et du cinéma depuis quelques années déjà, il a tout de même continué à monter sur les planches pour interpréter quelques rôles dont Madame Derbouka de Djâafar Bozahroun, Madinet El Hob de Abdelkader Tadjet et Super Mir de Hamid Tadjer. Pour le comédien et metteur en scène Brahim Chergui, qui a travaillé avec le défunt dans l'adaptation Des Prédateurs de Mourad Bourboune, Abdelkrim Benkhalfallah se décline sous quatre aspects. Le premier repose sur cet homme sédentaire de la cité. «Beaucoup ignorent, dit-il, que c'est quelqu'un de très raffiné, respectueux qui disposait d'une âme sympathique. Il donnait l'apparence d'être réservé mais une fois qu'on l'approchait, c'était une autre personne. Il était lettré et très solidaire. Le regretté comédien était également dévoué à sa famille.» Toujours selon les propos de Brahim Chergui, le défunt était un artiste qui avait beaucoup de capacités qu'on n'a pas su exploiter. Il pouvait jouer dans tous les registres. Il affichait un professionnalisme très raffiné. «Le quatrième aspect est cet homme qui a combattu la maladie. Il me semble que ce qui l'a affecté, ce n'est pas la maladie, mais le fait d'être délaissé par les pouvoirs publics. Il me semble qu'on est en train de hiérarchiser la maladie et les artistes. Si c'était une autre personne, on aurait eu plus d'intérêt et une meilleure prise en charge le concernant», ajoute-t-il. Le comédien Hichem Mesbah témoigne qu'il a eu à travailler avec Abdelkrim Benkhalfallah dans deux productions, notamment Une famille comme toutes les autres de Amar Tribéche. Il confie qu'il se souviendra toujours de la bonne humeur, des fous-rires et des conseils précieux de cet artiste aux grandes qualités humaines.