Avec l'aide de mécènes, l'association culturelle et écologique Benbourenane Abdelhamid a réussi à tenir la troisième édition d'un festival qui contribue à la promotion du patrimoine culturel. Blotti au milieu d'une dense végétation, au pied des dernières arêtes dentelées du Djurdjura, à quelque 800 m d'altitude, le charmant petit village d'Ighbane vient d'organiser, les 4 et 5 octobre, sa troisième édition du festival de la Montagne. Ce qui constitue un véritable exploit pour un si petit village sans grands moyens si ce n'est l'aide de quelques sponsors. Cependant, le résultat est un événement sympathique et convivial qui tente de concilier tout à la fois mémoire locale et ancestrale, écologie, tourisme et culture. Touché pourtant de plein fouet par l'exode rural, qui a vu sa jeunesse et sa force vive partir vers des cieux plus généreux, Ighbane, qui fait partie des fameux 14 villages des Ouzellaguen (Ighzer Amokrane) que la guerre de Libération avait pratiquement décimés, tente tant bien que mal de résister afin de se maintenir en vie. C'est pour cela que ses enfants ont eu l'idée de ce festival qui ne pouvait être que de la montagne car, ici, outre le ciel, la montagne nourrit et porte comme une mère nourricière. «On essaie de faire revivre notre village et lui donner un second souffle et de maintenir notre population sur place, car il ne reste plus que près de 200 habitants», dit Ferhat Yalaoui, secrétaire général de l'association culturelle et écologique Benbourenane Abdelhamid, organisatrice de l'événement, qui active sur le terrain depuis 2008. Pour le programme de ses deux journées de festival, un petit marché a été organisé à la place du village avec exposition et vente de produits artisanaux sous des chapiteaux tels que poteries, bijoux traditionnels, miel et savon naturel. En plus des journées de volontariat et de collecte des déchets, des ateliers d'initiation au dessin et à la peinture ont été organisés en faveur des enfants du village, alors que certaines ruelles ont vu leurs murs rehaussés par de belles fresques exécutées par une pléiade d'artistes un peu comme dans l'esprit du festival itinérant Raconte-arts. Ses rues et ruelles ont également été ornées des portraits de gens du village aujourd'hui disparus pour honorer leurs mémoires et perpétuer leurs souvenirs. Des jeux et des toboggans offerts par des mécènes ont aussi été mis à la disposition des enfants locaux ou visiteurs alors que les soirées ont été dévolues à l'animation culturelle avec une pièce de théâtre et un spectacle musical. «Nous essayons de sensibiliser les gens sur la nécessité de protéger l'environnement et la nature au sein de laquelle nous vivons et nous essayons également de promouvoir le patrimoine culturel de notre région. Voilà nos objectifs», poursuit Ferhat Yalaoui. En dehors des événements festifs ou culturels, l'association active également à faire des volontariats de ramassage des ordures et de collecte de déchets pour préserver la nature. Les organisateurs du festival promettent toutefois de mieux faire à la prochaine édition, de s'ouvrir un peu plus et un peu sur le monde des arts et de la culture tout en continuant le combat de préserver la nature, l'environnement, la culture, les produits du terroir et tous ces éléments qui font l'identité d'un peuple.