Après deux ans de gestion, aucune Assemblée communale n'a eu l'audace de rendre compte de son bilan de gestion à ses administrés. Considérée comme un exercice démocratique et un gage de transparence, la présentation des bilans par les Assemblées élues est une pratique à promouvoir en Algérie. Après deux ans de gestion, aucune Assemblée populaire communale de la wilaya de Boumerdès n'a eu l'audace de rendre compte de ses activités devant ses administrés. En 2016, l'ex-wali avait tenté d'en faire une tradition et un baromètre à même d'évaluer le travail des uns et des autres, mais l'idée a disparu avec le départ de l'homme. L'année passée, seules les APC d'Afir, Corso, Naciria, Boudoaou et Timezrite ont pris le risque d'aller à la rencontre de la population en débattant de tout dans un cadre serein et démocratique. Aujourd'hui, ce genre de rencontres est plus que nécessaire d'autant plus qu'elles permettent d'informer le citoyen de ce qui est entrepris ou projeté dans sa commune, et surtout de renouer le lien de confiance, rompu depuis des lustres, entre les élus et leurs électeurs. L'exemple devra être donné par l'APC de Boumerdès eu égard à son statut et les retards accumulés dans la réalisation des projets de développement. Le budget de la commune connait un excédent de plus de 467 millions de dinars alors que plusieurs quartiers de la ville sont dépourvus du strict minimum. Les citoyens de cette commune ont le droit de connaitre les raisons de ce blocage. «On ne sait qui est qui fait quoi à l'APC. Le maire est tout le temps absent. J'habite au Rocher noir, le site le plus ancien de la ville, mais il est dans un état déplorable. L'APC a dégagé une enveloppe de 46 millions de dinars pour son aménagement en 2016. Depuis, on n'a rien vu venir», s'indigne un citoyen. Aux Issers, autre commune importante de la wilaya, la population vit un marasme sans précédent. «On a des projets qui patinent depuis 2016. La gestion des affaires de la collectivité se fait dans l'opacité totale. Même les adjoints au maire ne savent rien. Comment voulez-vous que la population en soit informée», réagit un élu qui parle de lenteurs dans l'élaboration du budget primitif, dont l'approbation devait intervenir avant le 31 octobre. L'APW aussi n'a pas fait exception à la règle. Cette assemblée est loin de se relever de sa torpeur estivale et n'a organisé qu'une seule cession depuis le début de l'année. Son travail se limite à l'approbation des rapports établis par l'administration. Rien de plus. Pour M.Hamlat, vice-président à l'APC de Corso, «il est vrai qu'aucune loi n'oblige les élus à rendre compte de leur gestion, mais l'éthique politique leur recommande au moins de respecter les engagements pris vis-à-vis des citoyens avant leurs élections. Nous à Corso, on a présenté le bilan de la première année en janvier 2019 et on va refaire l'expérience début 2020», a-t-il indiqué. Dans d'autres communes, les élus font tout pour éviter leurs administrés. Ces derniers font parfois des mains et des pieds pour obtenir une audience avec le P/APC ou un de ses adjoints. Inutile alors d'espérer qu'ils viennent s'expliquer devant eux des causes de leur échec. Excepté l'APC de Boudouaou qui rend compte de ses activités régulièrement sur les réseaux sociaux, les autres assemblées font de la rétention de l'information une règle de gestion.