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Comment améliorer les conditions d'élevage dans les parcours sahariens
Publié dans El Watan le 14 - 11 - 2019

Une équipe d'experts du Centre national d'études et d'analyses pour la population et le développement (CENEAP) vient de proposer une stratégie innovante de revalorisation des parcours sahariens d'élevage comme mesure de sauvegarde, de préservation et de renouveau économique.
La feuille de route, présentée lundi au commissariat au développement de l'agriculture dans les zones sahariennes de Ouargla, comporte notamment le réensemencement des aires de pacage par voie aérienne, après domestication des semences sahariennes autochtones.
Les experts du CENEAP proposent en outre la création de réserves alimentaires disponibles tout au long de l'année, de milieux favorables et propices à la germination des semences, la stimulation de propagules en dormance stockées au niveau de la banque de semences, la domestication des eaux de pluie en vue de leur utilisation optimale et une limitation de l'action érosive des eaux et des vents.
Reconnaissant en outre qu'aucune action de grande envergure n'a jamais été tentée pour aménager les parcours sahariens, le collège d'experts estime qu'il est grand temps de les doter d'une stratégie visant à asseoir une économie de l'élevage saharien reposant entre autres sur le potentiel expérience très riche en matière de techniques d'élevage et de gestion raisonnée des parcours chez les éleveurs, livrés actuellement à eux-mêmes.
En effet, très peu d'attention a été accordée jusque-là au développement et à l'amélioration de ces techniques et l'impératif aujourd'hui d'inventorier ces techniques traditionnelles, et d'en améliorer les performances s'impose conjuguant la collecte du savoir-faire ancestral en tant que source d'inspiration et perspective de mise en place de techniques modernes qui utiliseraient des moyens beaucoup plus performants.
Un réaménagement des parcours sahariens incluant les professionnels, les chercheurs et les techniciens est le vieux rêve d'équipes entières habituées à travailler dans le cadre du carcan administratif depuis des décennies avec des propositions concrètes et réfléchies tant de fois remises aux calendes grecques.
De l'élevage de l'autosubsistance à la création de richesses
La 7e phase de l'étude du Ceneap implique une reconfiguration de la place de l'économique dans le social, le culturel et l'institutionnel au niveau local et de la place de l'élevage camelin dans l'économie nationale en posant clairement les options stratégiques à promouvoir auprès des pouvoirs publics a assuré Meriem Mokhtari, représentante du ministère de l'Agriculture dans son allocution d'ouverture remerciant les différents partenaires ayant rendu possible l'avancement de cette étude inédite
Ténacité, persévérance, force de proposition et surtout valorisation et rationalisation des ressources, tels sont donc les mots clé de la phase sept de l'étude portant sur les conditions des élevages dans les parcours sahariens sur les neuf wilayas du Sud et certaines communes des wilayas subsahariennes ou le constat de dégradation est alarmant.
D'emblée, Slimane Hanachi, le commissaire au développement de l'agriculture dans les zones sahariennes, soulignera qu'après plus de cinq années de travail de terrain sur plus de 22 millions d'hectares de zones de parcours, la phase cruciale des choix à faire se profile après six phases dédiées au diagnostic général de la situation qui prévaut au niveau de ces aires d'élevages, la compilation et synthèse non seulement des travaux antérieurs sur l'identification, délimitation, évaluation spatiale et étude du milieu des parcours sahariens algériens mais aussi une série de sorties qui ont permis la délimitation et la cartographie des parcours par l'imagerie satellitaire qui a servi de base à l'étude.
Dégradation massive
L'inventaire détaillé des différentes espèces a permis la connaissance de l'évolution de la flore saharienne en faisant ressortir celles menacées, protégées par la loi, introduites, invasives, etc. Présenté sous la forme d'un herbier physique associé à un herbier électronique interactif relié à un système de gestion de base de données relationnel.
Premier constat de l'étude cartographique : une zone centrale dégradée à cause de l'aridité persistante dans le Sahara central affectant 80% de l'espace. Par contre dans le sud-ouest à savoir Tindouf-Eglab), le versant sud de l'Atlas Saharien et le massif central du Hoggar, les parcours sont peu dégradés à peu conservés pour seulement 20% de l'espace.
L'étude a recensé pas moins de 408 indicateurs sur chaque point de l'espace des parcours sahariens entre 2000-2017, soit des valeurs mensuelles sur 17 ans. Les contraintes identifiées à travers les enquêtes du terrain et durant les trois dernières années à travers des interviews et réunions tenues avec les administrations aussi bien locales, régionales que nationales et différents travaux de focus group organisés avec les éleveurs de la région ont permis de cerner plusieurs problèmes à savoir la création de zones sécuritaires dans certaines régions, notamment au niveau de certaines wilayas frontalières et la divagation des animaux (hors des frontières ainsi qu'à l'intérieur du pays), les conflits entre éleveurs camelins et agriculteurs, les accidents de la route mais aussi les prix élevés des aliments, particulièrement de l'orge et le déficit de la prise en charge vétérinaire du dromadaire.
Contraintes chroniques
Les principales catégories de contraintes ayant contribué à la stagnation du développement des grands élevages et plus particulièrement de l'élevage camelin ne sont autres que la dégradation des parcours, le surpâturage, certaines pratiques dues aux systèmes de production existants, le manque ou la mauvaise répartition de points d'abreuvement et surtout le vieillissement des chameliers avec des problèmes de renouvellement de la main d'œuvre spécialisée ainsi que le manque d'accès au crédit et l'inexistence d'un dispositif de soutien propre au camelin y compris d'ordre environnemental tel que les contraintes liées aux hordes de chiens errants et aux bourbiers des puits de pétrole.
Au-delà de ce constat qui recoupe les problématiques posées dans différentes sphères officielles et par la recherche scientifiques, notamment à l'université Kasdi Merbah, l'étude répond enfin au souci d'institutionnalisation de la filière cameline au niveau des organigrammes des institutions de l'Etat implantées dans les régions sahariennes et la redynamisation des trois unités d'observations et de recherches du dromadaire, car explique M. Mhamedi, expert auprès du Ceneap «il devient impératif et urgent d'opter pour des axes de développement et d'aménagement des parcours orientés principalement vers la mise en valeur en sec des parcours par des techniques simples, reproductibles, à des couts réduits, la mobilisation des eaux superficielles particulièrement au niveau des communes présahariennes, par des ouvrages à coûts réduits et un programme de domestication des principales espèces pastorales naturelles par la mise en place de programme de production de semences.»
Agriculture intensive
Mais ce qui pose problème actuellement est le surpâturage lié au manque de ressources végétales naturelles du à la sècheresse et à la diminution de la superficie des parcours à cause de l'implantation de nouveaux périmètres de mise en valeur en irrigué qui empiètent sur le territoire initialement dédié au camelin et la rareté et parfois la mauvaise répartition des points d'abreuvement.
L'étude propose de prendre à l'avance des mesures de prévention et d'intervention dont le rattachement de la mission de gestion des parcours naturels, du phénomène de la sécheresse et du dispositif de distribution des aliments complémentaires à une institution d'envergure régionale. La mise en place au niveau national d'un comité permanent d'urgence chargé de la gestion de la sécheresse.
L'élaboration d'un manuel destiné aux techniciens et aux éleveurs mettant en évidence les voies et moyens de gestion de la crise alimentaire, la mise en place d'un système d'alerte précoce destiné à fournir des indicateurs d'une crise alimentaire imminente et globalement une nouvelle stratégie de limitation de la destruction des parcours par un choix plus judicieux des aires à mettre en valeur, à faire en présence des éleveurs.
Réduite, la superficie des parcours disponibles pour les animaux a laissé place aux nouveaux périmètres agricoles dans leur majorité ont été installés au niveau des aires traditionnellement utilisées comme pâturage mais aussi sur les axes de déplacement des animaux les privant ainsi de pâturages situés au-delà des périmètres de mise en valeur qui constituent un obstacle parfois sur plusieurs kilomètres pour les dromadaires qui cherchent à accéder à certaines zones traditionnellement utilisées comme parcours, le cas le plus édifiant étant celui de la wilaya d'El Oued.
L'étude préconise la présence de représentants de la filière élevage lors des choix de terrains destinés à la mise en valeur comme nécessité incontournable afin de situer les nouveaux périmètres loin des zones traditionnellement utilisées comme parcours d'autant que la majorité des élevages sont conduits selon le système d'élevage dit H'mil, qui consiste à laisser pendant la majorité du temps les dromadaires en pleine liberté, en quête de pâtures et d'eau, et là l'étude rejoint la proposition des professionnels qui réclament depuis des années que les couloirs de déplacement empruntés soient dotés de barrières, de type glissières, de part et d'autre des axes routiers pour protéger les animaux et les conducteurs de véhicules des éventuels accidents de la circulation.
Enfin autre dangers persistants, les anciens sites des puits de pétroles creusés soit dans un objectif d'exploration ou d'exploitation et qui sont ensuite abandonnés par les compagnies pétrolières se transforment en véritables bourbiers ou pièges mortels pour les dromadaires dans le sud-est et dont la prise en charge par les sociétés de prospection et d'exploitation des hydrocarbures demeure une des principales préoccupations des éleveurs de dromadaires.
Changements climatiques
Dans le volet des contraintes climatiques, l'élaboration d'un scénario de changements climatiques attendus sur l'Algérie à l'horizon 2030 confirme les tendances climatiques déjà observées durant les dernières décennies à savoir une augmentation de la température, une légère diminution des précipitations et un climat plus variable avec des séquences sécheresses et pluvieuses plus fréquentes nécessitant des mesures d'adaptation participatives associant les éleveurs à l'organisation de mises en défens de certains parcours, concrétiser les aménagements proposés, améliorer le confort et la qualité de vie des éleveurs et bergers en les équipant de kits solaires nomades et en encourageant la création de micro-entreprises pour la fabrication de dispositifs utilisant l'énergie solaire pour la cuisson, ce qui permettra d'économiser le bois de chauffage et de réduire la corvée de ramassage du bois et des bouses de dromadaires.
Tout en notant qu'il faudrait environ 245 points d'abreuvement complémentaires pour améliorer le maillage actuel des puits de parcours sahariens, l'étude met en exergue une recrudescence des affections sanitaires graves et non-prise en charge correctement telle que la gale du dromadaire, la trypanosomiase, la septicémie hémorragique et les maladies parasitaires à cause des coûts jugés élevés, la rareté des médicaments vétérinaires, le manque de praticiens au niveau de certaines zones d'où la préconisation du retour aux solutions abordables et faciles telle que la mise en place de bains anti-galeux destinés aux traitements parasitaires des camelins.
L'autre problématique de taille est d'une part le manque de modules spécifiques au dromadaire dans le cursus de zoologie et de médecine vétérinaire, mais aussi l'administration de médicaments destinés aux bovins et aux caprins pour les traitements du camelin d'où la nécessité d'y remédier par l'introduction de traitements adéquats et l'organisation de séances de recyclage des praticiens en médecine vétérinaire en exercice et de vulgarisation sur les différentes pathologies du dromadaire pour les éleveurs.
Contraintes économiques
L'élevage camelin est confronté à des contraintes économiques complexes qui s'expliquent par le fait que ce secteur marginalisé économiquement, dévalorisé sociologiquement et subissant les effets de dysfonctionnement institutionnel et la coexistence de deux cadres juridiques: le droit coutumier et le droit positifet et les experts recommandent aujourd'hui la mise en place d'une économie d'élevage camelin par la réorganisation et la modernisation des structures et la redynamisation des les liens avec l'environnement local notamment par l'identification des eleveurs, la connaissance des produits offerts , des circuits de collecte des produits, du volume de la demande réelle et potentielle, de l'offre de commercialisation, le développement des activités de transformation des produits d'élevage camelin par l'utilisation du lait de chamelle dans la fabrication du fromage et des produits cosmétique, de la peau du dromadaire dans la fabrication des vêtements et chaussures de cuir, la diversification des formes d'utilisation de l'élevage camelin et de ses produits dans la promotion des activités de tourisme , de loisirs et de détente et surtout la redynamisation de l'organisation professionnelle en dotant l'élevage camelin d'un conseil interprofessionnel qui regroupera tous les acteurs et autres intervenants dans cette activité et capitaliser les expériences réussies de valorisation du lait de chamelle traditionnel, semi-industriel ou industriel.
Enfin, l'étude recommande une réorganisation des actions de soutien et des modes de financement, réhabiliter le statut de l'éleveur et valoriser le métier de l'élevage, de l'image du dromadaire et des produits d'élevage camelin dans les manuels scolaires et les programmes d'enseignements et resocialiser le monde de l'élevage camelin par des actions de découverte à l'aide des expériences de proximité et de l'utilisation des technologies d'information et de communication et en tant que filière de la formation professionnelle et de spécialisation dans le cursus universitaire comme un axe prioritaire des dispositifs de soutien à la création des activités économiques.


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