Face aux difficultés économiques marquées par un déséquilibre de la balance des paiements, le gouvernement algérien a décidé de recourir à l'emprunt extérieur pour «financer des projets économiques ciblés». L'emprunt extérieur est une recommandation du Fonds monétaire international : étant un des 189 pays membres du FMI, l'Algérie reçoit, chaque année, des recommandations de la part de cette puissante institution transnationale. La dernière prescription en date remonte à juin 2018. Parmi ces recommandations figure la nécessité de «mener un assainissement progressif des finances publiques sans recourir au financement par la Banque centrale, mais en s'appuyant sur une variété de mécanismes de financement, dont l'emprunt extérieur, pour financer des projets d'investissement sélectionnés avec soin». A la mi-octobre dernier, la directrice générale du FMI et le président du groupe de la Banque mondiale ont affiché «la disponibilité de leurs institutions à accompagner l'Algérie dans ses efforts de développement», selon un communiqué du ministère algérien des Finances, diffusé par l'APS, en marge des assemblées annuelles de ces deux institutions, qui se sont tenues à Washington. Cette «disponibilité à accompagner» le gouvernement algérien va-t-elle se traduire par un prêt du FMI au profit de l'Algérie ? Le ministre des Finances, Mohamed Loukal, a récemment déclaré que «l'Algérie ne sollicitera pas les emprunts du FMI». Ce dernier prête de l'argent à ses pays membres qui sont en proie à des difficultés en conditionnant l'obtention des prêts à la mise en place des ingérences financières en intervenant dans les politiques détaillées sur les marchés du travail, les banques, les impôts et les règles d'importation. Les financements de ce fonds monétaire favorisent, en effet, les importations en échange de douloureuses mesures d'orthodoxie financière. L'octroi de crédits est soumis à conditions et le pays demandeur doit s'engager dans une politique d'ajustement structurel qui limite sa souveraineté. Parmi les mesures traditionnellement exigées, figurent la dévaluation de la monnaie locale et la libéralisation des prix des produits subventionnés qui permettent la subsistance des populations pauvres. C'est ce qui est arrivé à l'Algérie qui a obtenu du FMI des crédits stand-by en 1989 et en 1994, en acceptant la mise en œuvre d'un douloureux plan d'ajustement structurel. Les choses se sont inversées en 2012, lorsqu'en pleine «ivresse» due à une situation d'aisance financière, l'Algérie a accordé un emprunt au FMI (à la demande de ce dernier) sous forme d'achat de titres libellés en droits de tirage spéciaux, avec une participation à hauteur de 5 milliards de dollars. Aujourd'hui, l'Algérie a, certes, achevé le remboursement anticipé de la totalité de sa dette péniblement rééchelonnée et, selon les derniers chiffres publiés, son endettement extérieur ne dépasse pas 2 milliards de dollars, soit près de 1% du PIB. Mais l'économie du pays est toujours vulnérable faute de compétitivité due à l'incapacité chronique de former une main-d'œuvre qualifiée.