En l'absence de contrôle, les lois relatives à la prise en charge des maladies professionnelles ne sont pas appliquées dans les faits. La journée d'information et de sensibilisation à la prévention des accidents de travail et aux maladies professionnelles, organisée mercredi dernier par la Cnas de Boumerdès sous le slogan «Maladie professionnelle, l'affaire de tous», a mis à nu les difficultés de faire appliquer la réglementation relative aux déclarations de ces maladies et aux respects des normes de sécurité et d'hygiène au sein des entreprises et organismes employeurs. M. Dridi, directeur de la caisse locale de sécurité sociale, a souligné en préambule «la nécessité d'attirer l'attention sur la souffrance des travailleurs qui sont de plus en plus nombreux». Il a révélé que 85 maladies professionnelles sont remboursées à 100% à la suite de déclarations par les victimes ou leurs ayants droit. «Mais il existe également des maladies à caractère professionnel comme le stress ou le mal de dos qui ne le sont pas», a-t-il précisé. Selon lui, «l'avenir de la Cnas inquiète en raison des lourdes dépenses qu'occasionnent ces maladies». Même si la réflexion s'oriente vers de nouvelles sources de financement, il n'en demeure pas moins que «la prévention s'impose pour maintenir l'équilibre financier actuel». Présents à cette journée, des chefs d'entreprise et des représentants de plusieurs organismes intervenant dans les maladies professionnelles, à l'instar de l'inspection du travail, sont intervenus dans le débat qui a fait ressortir le non-respect de la réglementation par des employeurs avares de déclaration. Certains ne soumettent même pas leurs recrus à une véritable visite d'embauche et se contente d'une attestation d'un généraliste et d'un certificat de bonne santé pneumo-phtisiologie. La déclaration préliminaire de risques de maladies est quasiment ignorée. Pourtant, elle peut servir pour la constitution d'une carte de maladies professionnelles, outre son utilité dans la prévention. Pis, des entreprises recrutent des personnes atteintes de maladies qui se révèlent rapidement invalidantes. «C'est à la limite de la complaisance», commentera un médecin du travail. Un spécialiste de l'hygiène et sécurité industrielles avouera que beaucoup d'entreprises chargent un simple gardien de cette tâche. De leur côté, les entrepreneurs ont reproché à la Cnas «l'insuffisance des visites médicales sur les lieux de travail, la décision de changement de poste à un professionnel malade sans tenir compte des contraintes de l'entreprise». Pour ce dernier cas, il a été suggéré de recourir plutôt à un aménagement du poste ou à une reconversion. Mais les intervenants ont été unanimes à reconnaître : «Les textes réglementaires pour la prévention et la prise en charge indemnisée des maladies professionnelles existent, malheureusement leur strict application fait défaut.» De ce fait, la responsabilisation juridique des employeurs, le contrôle par l'inspection du travail et l'accompagnement par la caisse de sécurité sociale ainsi que le concours d'autres partenaires apparaissent comme des piliers d'un système de prévention et de prise en charge à dynamiser absolument. L'asthme, première maladie professionnelle Le Dr Belkadi, médecin du travail à la Cnas de Boumerdès, a dévoilé l'existence de 27% de cas d'atteintes à l'asthme qui se présente comme la première maladie professionnelle dans la wilaya, devant les dermatoses (25%), la surdité (19%), la tuberculose (10%) et la dysphonie (9%) spécifique aux enseignants. Néanmoins, cette tendance se maintient depuis cinq ans. Il faut également relever la persistance de maladies propres à l'exposition à l'amiante. Cette dernière demeure encore présente dans certains bâtiments du secteur économique. Pourtant, il était question de son éradication. L'intervention de Bensaid Farid, inspecteur principal et responsable du service de prévention au niveau de la Cnas, s'est penché sur «les modalités de déclaration» en exposant les conditions sous-tendent les déclarations. Il faut avoir été exposé, en souffrir et déclarer la maladie dans un délai de 15 jours. En fait, ces constats émanent d'une nomenclature selon trois groupes de maladies concernées et qui sont les intoxications, les infections et les affections ; les maladies microbiennes ainsi que celles qui touchent l'ambiance de travail et les aptitudes physiques. Plusieurs secteurs commerciaux et économiques sont touchés car ils favorisent la prolifération de germes nocifs d'origine animale, végétale, microbienne ou chimique : Boulangerie/pâtisserie, santé, coiffure, peinture, menuiserie bois, hygiène (balayeurs). L. Hachemane