«L'économie algérienne nécessite des réformes structurelles», a précisé le professeur Farid Yaici, lors du colloque international sur le financement non conventionnel organisé à l'université Mouloud Mammeri. Les pays développés ont eu recours au financement non conventionnel après avoir achevé tous les instruments financiers tandis que la planche à billets a été utilisée dans notre pays alors que la banque d'Algérie n'a pas encore expérimenté les instruments monétaires. L'économie algérienne nécessite des réformes structurelles. Il faut un autre model de développement. La planche à billets a été appliquée sur une économie qui ne respecte pas les règles de jeu. Elle a été appliquée pour financer le déficit budgétaire. On a imprimé de l'argent pour payer les salaires et acheter la paix sociale», a soulingé, mercredi, le professeur Farid Yaici de l'université Abderahmane Mira de Béjaïa, lors de son intervention à l'occasion du colloque international sur le financement non conventionnel en Algérie organisé, à l'auditorium du campus de Tamda, par l'équipe monnaie-finance-banque de la faculté des sciences économiques, de gestion et des sciences commerciales de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Le même universitaire a rappelé, que 5000 milliards de dinars de masse monétaire sont hors circuit bancaire. De son côté, le professeur Brahim Guendouzi de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, a estimé que la Banque d'Algérie aurait pu agir autrement, mais elle a suivi la décision du gouvernement. L'objectif visé, souligne-t-il, était de stabiliser les prix et limiter les taux inflationnistes. Le financement non conventionnel a provoqué aussi, selon le même chercheur, la baisse des réserves de change. «Dans une année, nous allons atteindre le seuil limite. Et nous serons dans l'obligation de revenir à un ajustement structurel pour l'économie et le citoyen si les reformes économiques ne sont pas appliquées. Il y a un problème de gouvernance et une sorte d'irrationalité dans les dépenses. Le financement non conventionnel ne convient pas à une économie d'endettement où l'investissement fonctionne avec la demande publique», a-t-il soutenu. Pour sa part, la présidente de cette rencontre scientifique, le professeur Chabha Bouzar, a souligné que «la forte baisse du prix du baril de pétrole a entrainé une chute des revenus pétroliers passant de 60 milliards dollars en, 2014 à 31 milliards dollars en 2017, soit une perte sèche de presque la moitié. Puis, les réserves de change, qui garantissent les importations, ont vu leur montant se réduire : elles passent de 194 milliards dollars en début 2014 à 97, 33 milliards dollars à fin d'année 2017 puis à 94,529 milliards dollars à fin mars 2018». «Ces conditions ont conduit les pouvoirs publics à puiser la totalité de l'épargne du Fonds de régulation des recettes pour éponger les déficits successifs du Trésor public, alors que les liquidités bancaires se sont fortement contractées. Pour pallier à un manque flagrant de plusieurs milliards de dinars dans les caisses de l'Etat, les pouvoirs publics ont eu le choix entre de grands mécanismes financiers, en l'occurrence le financement non conventionnel au niveau interne ou l'endettement extérieur auprès des marchés internationaux de capitaux et au niveau du FMI et de la Banque mondiale ou opter pour d'autres voies : dévaluation de la monnaie nationale, augmentation des prélèvements obligatoires, baisse du taux de crédit et du taux de rémunération…», a-t-elle expliqué. D'autres intervenants venus des différentes universités du pays ont présenté des communications ayant trait au thème du colloque sous plusieurs angles. Les travaux de cette manifestation scientifique se sont poursuivis jeudi, à l'auditorium du campus de Tamda où les origines, l'impact et les alternatives du financement non conventionnel étaient au centre des débats aussi bien en plénière qu'au niveau des différents ateliers du colloque.