Maachi Chaib, 69 ans, est décédé avant-hier en milieu d'après-midi des suites d'une longue et lourde maladie plongeant ses nombreux camarades, amis et citoyens, dont des militants de tous bords, dans la tristesse. L'homme, connu pour son long combat pour la démocratie et les libertés, depuis la JFLN en passant par l'UNJA dont il a présidé aux destinées jusqu'à l'avènement du tristement célèbre article 120, au PAGS puis finalement le MDS, a été, depuis l'avènement du hirak, un homme écouté et respecté. Maachi Chaib savait tempérer les ardeurs et aiguillonner par sa sagesse et ses méthodes basées sur l'écoute et l'argumentaire les plus téméraires des activistes. Il forçait le respect. En un mot, en dépit de cette maladie éprouvante qui l'obligeait à de longs et éreintants déplacements dans les hôpitaux, dont le CHU d'Oran depuis voilà dix ans, il a été un hirakiste convaincu pour ne pas dire le mentor d'un mouvement en ébullition. Ses interventions énergiques et sans équivoque ont évité bien des dérapages en balisant les objectifs pour ne pas se perdre dans les dédales d'aspirations légitimes de la foule. Son apport au hirak local aura été déterminant et était la voix écoutée. Avant-hier, en marge de la 42e édition qu'il a raté après avoir appelé à la faire, son ombre a plané et de nombreux portraits en son honneur ont été brandis. Sur la place du 17 Octobre, au cœur de Tiaret, «place rouge» pour les Tiarétis, une minute de silence a été observée, alors que l'émotion était visible. Je me souviens qu'en marge d'une rencontre conviviale entre anciens amis, en présence de l'ex-secrétaire général de l'UNJA, Nourredine Djellouli, le défunt, tout en ouvrant son domicile n'a pas omis de se démarquer car renchérit-t-il «je reste un militant de gauche au MDS et convaincu des idéaux que ce mouvement véhicule». Une intervention qui a permis de situer la donne, à l'heure des repositionnements liés aux intérêts et à la sauvegarde de privilèges. Moins de 24 heures avant qu'il expire son dernier souffle, Chaib a eu le courage de «dénoncer le dérapage verbal du ministre de l'Intérieur et d'appeler à continuer de marcher». Vendredi, au domicile mortuaire, il y avait du monde. On ne discutait que de cette crise qui secoue l'Algérie et l'avènement du hirak pour lequel Chaib a joué, localement, un grand rôle. C'est tout naturellement que cette 42e édition lui a été dédiée. Affable, courtois et attentionné, le défunt a été inhumé au cimetière de la ville en présence de beaucoup de citoyens dont certains venus de plusieurs villes d'Algérie. Le staff du MDS avec son premier secrétaire, Fethi Ghares, étaient présents. Notre ami et confrère, le docteur Amar Belkhodja a lu l'oraison funèbre pour «restituer l'homme dans toutes ses dimensions dont celles humaine, syndicale et politique qui ne lui ont values que respects et considérations». Son départ a été serein, à l'image de sa vie faite d'amour, de bonté et de sagesse, avec en prime cette quête d'une nation émancipée et libérée de tous les jougs. Qu'il repose en paix.