La meilleure façon de prédire l'avenir est de le créer. Comme prévu, le procès a eu lieu dans les temps prévus et le verdict prévu est tombé deux jours avant le scrutin, afin d'expliquer à la population que la justice est juste et que donc les élections seront honnêtes, comme prévu. Mais si pour les disqualifiés, les décennies de prison ont été partagées entre Ouyahia, Sellal, Haddad et les amis de l'Amicale, la Ligue des droits de l'homme a aussi donné son verdict, avec des chiffres inquiétants : 1000 interpellations et 200 mandats de dépôt prononcés contre des manifestants et militants depuis le début du hirak, ce qui, mis bout-à-bout, donne un nombre encore plus grand. D'où l'intérêt des chiffres, après les comptes, le décompte, et au ministère des Affaires étrangères, épaulé par le ministère de l'Intérieur, on s'attelle à rassembler les bulletins pour établir une approximation du douzdouz. A ce titre, Ali Draâ, chargé de communication de l'ANIE, a bien expliqué que le vote à l'étranger se poursuit, ce qui interdit pour lui une quelconque estimation aujourd'hui, mais il a quand même évoqué «un taux acceptable», ce qui est une estimation, qui par ailleurs fait craindre la fraude et le passage en force, ce qui par contre n'est pas lié à son nom. La force, c'est le nombre, le pouvoir, c'est de maîtriser le nombre et, finalement, le nombre n'est pas une valeur absolue – on a appris depuis quelques mois que «quelques éléments» peuvent désigner des millions de personnes. Demain ? La peur, l'angoisse, le doute et les questions ; peut-on réussir quelque chose d'intéressant avec les mêmes personnes qui ont conduit le pays à l'échec dans lequel il est, sachant qu'à aucun moment ils ne sont excusés, pas même n'ont admis une quelconque responsabilité à quelque niveau ? Demain, c'est jour de vote et il y aura vote, même avec une très faible participation. Deuxième tour prévu quelques jours après entre Mihoubi et Benflis. Peut-être que c'est à ce niveau qu'il faudra voter. Ou pas.