Avril 1974, la grande équipe de la JSMT livra un grand match de football comptant pour les 1/8es de finale de coupe d'Algérie en parvenant à battre la non moins grande équipe du Mouloudia d'Alger par 3 buts à 2 au terme d'une rencontre à rebondissements alors qu'au niveau du stade du 19 Juin 1965 d'Oran, le crépuscule jetait ses tentacules. La pelouse était plongée dans l'obscurité. Pour terminer la rencontre dans ses ultimes balbutiements, les supporters dans des tribunes pleines à craquer venaient d'allumer des journaux donnant à la joute du piment. Alors que le résultat était à 2 buts partout, la JSMT obtint un corner que catapulte «Japon» dans les bois. En dépit de la contestation, l'arbitre valide le but. Les buts Tiaretis sont venus de Zitouni Abdelkader, NouarLaaredj et feu KharoubiBelkacem dit «Japon». Ce jour-là, il y avait de grands joueurs et parmi eux, Ali Seddik comme arrière droit. «Ce jour-là, il m'a été confié la tâche de museler le virevoltant Omar Betrouni», nous dira avec emphase Ali, en marge d'un entretien convivial au salon de son modeste appartement qu'il occupe à la «cité -E» au sud de la ville. Cette «dream team locale», à laquelle manquait le grand gardien Krimo, a tenu la dragée haute aux Algérois avec dans les bois un Kadi Bouamama des grands jours et en attaque ce que les bleus et blancs comptaient comme gratin à l'image des Benmessaoud, Banus 2 (Braik Mohamed), Nouar, Tas et Zitouni Abdelkader. Il est vrai que cette année-là, la JSMT a soufflé le chaud et le froid car en plus d'être éliminée, le match suivant par la JSK, elle connaitra les affres de la rétrogradation du fait d'autres paramètres qui ont impactés négativement le parcours «d'Ezzerga». Ali Seddik, né le 31 aout 1945 à El Graba, passé comme bon nombre de ses pairs par les terrains cahoteux des quartiers puis celui de l'école, notamment celui des indigènes et Ibn Khaldoun (connue par les Tiarétiens comme l'école El Graba) a failli jouer dans la grande équipe corporatiste de la Sempac (à ne pas confondre avec l'OST aujourd'hui dissoute). «A la demande des dirigeants de la JSMT, j'ai dû démissionner en tant qu'employé de la SEMPAC et continuer à jouer avec la JSMT» explique notre interlocuteur avant d'ajouter que «ces années-là, jouer au football était presque une exclusivité pour les enfants de Tiaret qui habitaient le centre-ville et à fortiori le quartier la remonte (Larmoud)». «Nous, les jeunes des autres quartiers, ils fallait cravacher pour gagner sa place parmi la pléiade de joueurs qui savaient jouer le foot», renchérit-il. Il fallait attendre l'arrivée de Saïd Amara pour que beaucoup de jeunes joueurs fassent leur entrée dans l'équipe fétiche, se rappelle ce digne fils d'El Graba. Ayant fait ses preuves dans les parties de football aux stades la SAS, village Sbagnoul, la redoute, lombard jusqu'à Faidherbe (actuelle Karman), Ali Seddik qui joua pour les juniors de la JSMT sous la férule des Yakdoumi Hadj et surtout de Mir finira par intégrer l'équipe première en allant composer une défense des plus intraitables à l'époque. Ses apparitions en séniors le furent ensuite sous la conduite de Hamid Skander avant l'arrivée de Saïd Amara. Connu pour être défenseur adroit, ne rechignant pas à l'effort, Ali s'est permis un joli but contre le Galia de Mascara à Tiaret. Une victoire par 4 buts à 1 dont il n'oublie pas la performance. Homme discret, affable et courtois, Ali n'a jamais compris pourquoi cette ingratitude à l'endroit de certains joueurs qui ont fait le bonheur de la ville. Oublié par ses pairs, n'eût été une ou deux invitations en marge des jubilés des Oulbachir-Zaoui et des Banus, Ali Seddik n'a jamais eu les faveurs ni des décideurs locaux ni du département de la jeunesse et des sports, encore moins du mouvement associatif local. En retraite professionnelle depuis l'année 2000, Ali Seddik, l'aîné des trois frères et père de cinq enfants, -dont trois garçons-, s'est retiré pour ne plus être devant les projecteurs mais continue à s'entrainer à raison de deux fois par semaine pour garder la forme. Ali a joué avec deux générations. La première en compagnie des Souidi Benaïssa, Beladjine Madjid, Mayouti, Krimo, Tahar entre autres et la seconde avec les Nouar Laaredj, Benmessaoud, Kharoubi, Meridja, les Banus et Kadi Bouamama. Il mettra un terme à sa carrière de football à l'issue de la rencontre face à l'USM Annaba et la défaite qui a scellé le sort de l'équipe qui rétrograda. Cette saison-là était aussi la dernière d'autres valeureux joueurs, dont docteur Khalifa Benmessaoud qui fera par la suite les beaux jours de l'USM Alger. A 75 ans, il garde ses atours physiques et vit grâce à sa modeste retraite d'employé de la CCLS. Deux de ses jeunes fils sont footballeurs mais Rachid, le cadet, a mis entre parenthèse sa saison footballistique pour réussir son examen. En foulant son «chez soi» ce mercredi 8 janvier 2020, notre ami Ali déposa le peu de photos souvenirs qu'il lui reste car des pans entiers de «son histoire footballistique» a disparue en marge d'un vol commis en 1998. En dépit de cet aléa, Ali dispose d'une très bonne mémoire et a beaucoup apprécié notre visite. Amellal Fawzi