Le concert de Sofiane Saïdi et Mazelda «Ndjoum» était prévu à l'Institut français d'Alger. La demande était tellement forte que l'on a été obligé de voir, penser plus grand, la salle Ibn Zeydoun. Et c'est dans une salle archicomble que Sofiane Saïdi et son groupe ont prouvé qu'ils sont des «All stars», des «Ndjoum». Sofiane Saïdi, veste rouge, pantalon slim noir, les cheveux en pétard et une fébrilité en prime, même s'il vient tout juste de boucler une tournée aux Etats-Unis (Kennedy Center, à Washington, The Copa Cabana Times Square à New York…), en passant par les Instituts français d'Oran et Tlemcen (événements organisés par l'IF), se produire en Algérie, cela a une tout autre consonance. Smaat El Djenia tgoul, merhaba ya zouar (J'ai entendu Cheikha Djenia souhaiter la bienvenue aux visiteurs). Le public reçoit l'enfant du pays et les hôtes avec hospitalité. Une explosion de youyous. Un air de fête emplit la sa salle. La musique est une célébration. Celle de son pays, l'Algérie, son patrimoine, ses racines. Le son est gonflé, fort et très remuant. Raï, pop, rock, dance… On ne peut pas tenir en place. Alors, on danse, comme dirait Stromae. Le public retrouve un chanteur et des musiciens qui respirent la bonne santé de la musique algérienne dans sa dimension plurielle. Celle du raï, le vrai, celui des chouyouk, d'Ahmed Zergui, Cheb Yacine, Cheikh Naam, Rimitti, de Cheb Khaled (Sada, Ya Oulid, Marsam), le beat aloui de «Lala Maghnia» et de la poésie bédouine. Avec Wahdi Ana w'galbi, Yadra, Ndjoum, Gasba Trisinti, Bab el Saïda, Yama, Saïda... Quand Sofiane coupe le son et chante a cappella, toute la salle est derrière lui. Quand Sofiane danse et bien, il descend partager ses retrouvailles festives avec sa famille. Ibn Zeydoun ne peut plus contenir cet auditoire ayant investi les travées et espaces vides. «Le prix Nobel pour l'Algerie, s'il vous plaît» «Mon dernier concert en Algérie, c'était en 1989, à Sidi Bel Abbès. Et chanter, ce soir à Alger, c'est quelque chose. Et puis, j'arrive à un moment où l'Algérie devient de plus en plus belle. Le prix Nobel pour l'Algérie, s'il vous plaît ! On doit défendre notre culture. Le raï, la musique kabyle, chaouie, du sud… Il faut en parler… Notre groupe(Mazalda) a bossé sur la musique raï et pendant des années. Il faut les saluer pour cela, perpétuer notre culture algérienne. Salam, Alger, Sidi Abderrahmane, Larbi Ben M'hidi…», s'adressera ainsi Sofiane au public sans manifeste émotion. Et c'est vrai, Sofiane et Mazalda en jettent, mettent plein la vue et les oreilles. De très bons musiciens tels que Julien Lesuisse, qui n'a pas à rougir du raï qu'il interprète sans accent. Sofiane Saïdi a déjà collaboré avec Natasha Atlas et Tim Whelan (ex-membres de Transglobal Underground), ou encore avec la chanteuse et actrice Dolores Maria. Sofiane tourne aussi avec l'armée mexicaine, les musiciens du regretté Rachid Taha, Le Couscous Clan, le groupe formé avec le grand guitariste Rodolphe Berger (ex- Kat Onoma), rendant hommage à la rock star. Le raï n'est pas mort. On l'a croisé jeudi soir à la salle Ibn Zeydoun avec Sofiane Saïdi et Mazalda.