Il est le plus ancien quartier de Boumerdès. Il a été carrément le noyau autour duquel a été bâtie la ville. C'est le quartier des 1200 logements, rebaptisé cité Ibn Khaldoun. Il englobe le siège de l'APC, la poste, Algérie Télécom, le groupement de gendarmerie. Même la nouvelle cité administrative où se trouvent plusieurs directions de la wilaya lui a été accolée. Pourtant, le quartier 1200 se dégrade à vue d'œil. Les citoyens ont décidé de réagir face à «l'inertie des responsables», selon le porte-parole des habitants dont des représentants se sont déplacés au siège de daïra pour remettre au premier responsable une lettre de doléances. «Nous avons aussi adressé une lettre au wali et au procureur de la république. Mais le chef de daïra est absent. Personne pour nous recevoir. Nous ne nous arrêterons pas là», déclarent les protestataires avec détermination. C'est que leurs problèmes ont dépassé le seuil du tolérable : «nous vivons au milieu des égouts des canalisations qui éclatent ça et là. La cité est plongée dans l'obscurité. Une fillette qui sortait vers 7 heures du matin a failli être attaquée par des chiens errants. En ces journées hivernales, il fait encore noir», explique un membre du groupe. Un autre lui emboîte la parole : «nos enfants n'ont pas d'aires de jeux ni de stades en matico comme on en voit dans d'autres endroits ici à Boumerdès ou dans d'autres communes.» Il est vrai que le stade de foot est en tuf mais sans aucun aménagement, livré qu'il est à lui-même. Pourtant, des clubs amateurs ou des associations s'y entrainent. «Nous faisons contre mauvaise fortune, bon cœur. Nous essayons d'encadrer ces poulains pour que l'oisiveté de la rue ne les livre pas aux vices.» Nous a confié un entraineur. En fait, le quartier comporte en son centre une salle de soins, deux kiosques, deux alimentations générales, un marchand de fruits et légumes et une boucherie. Même pas une boulangerie. Un simple calcul permet de situer le nombre d'habitants autour de 6000. Les commerces y sont, donc, très insuffisants. Il est clair que la pauvreté commerciale dans laquelle est plongé ce quartier laisse perplexe. Même pas un café où pourrait se retrouver jeunes et retraités. Les premiers pour compenser le manque, les seconds pour occuper leur retraite. Quelques chalets décrépis sont installés près de la salle de soins. Ils avaient été octroyés à des associations caritatives. Il y a 16 ans. Juste après le séisme de 2003 où les habitants des 1 200 logements avaient subi des pertes traumatisantes en vies humaines et des dégâts tellement importants que leurs photos et images ont fait le tour de la planète. Mais depuis cette date «aucun responsable n'est venu nous voir», accusent nos interlocuteurs.