La situation financière (critique) que traversent les clubs professionnels déteint dangereusement sur l'intégrité des matchs et de la compétition, comme l'illustre le dernier épisode de la grève des joueurs qui a faussé le cours de la compétition. Prenant la mesure du danger que cette situation fait peser sur l'intégrité de la compétition si ces réflexes se multiplient et se généralisent, la Fédération a réagi à travers un communiqué qui indique : «La FAF rappelle aux clubs et aux joueurs des L1 et L2 que tout recours à la grève doit obéir aux procédures contenues dans la loi 90-11 sur le travail.» Ce rappel lance le débat sur le bien-fondé, ou pas, d'une grève des joueurs, mais aussi et surtout sur la gestion d'un dossier aussi épineux que brûlant, à savoir la conduite à suivre face au problème de la situation financière des clubs qui a totalement compromis l'avenir du professionnalisme en Algérie. Le communiqué de la Fédération est en fin de compte un coup d'épée dans l'eau. Il ne réglera rien. D'ailleurs, le référent cité, la loi 90-11, reconnaît dans son article 5 le droit de grève (des travailleurs) et ne fait pas mention des «procédures» évoquées dans le document de la Fédération. Les modalités de l'exercice du droit de grève sont précisées dans la loi 90-02 du 6 février 1990 modifiée et complétée par la loi 91-27 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et l'exercice du droit de grève. La loi citée fixe les étapes qui précédent la grève, articles 4, 5, 6, 9, 10, 12, 13. Tout est précisé dans cette loi qui indique : «Si le différend persiste après épuisement de toutes les voies de réconciliation, le recours à la grève s'exerce dans les conditions prévues par la loi 90-02 du 6 février 1990 qui consacre le droit de grève aux articles 24 et 33 bis.» Il est temps de prendre ce problème (la grève) à bras-le-corps et sans faiblesse. Il a déjà entaché la régularité et l'intégrité de la compétition à partir du moment où des clubs ont aligné des remplaçants pour suppléer l'absence des habituels titulaires qui ont, à travers le forfait, signifié leur colère et mécontentement par rapport à leurs arriérés de salaires et primes. Lorsque des joueurs ne perçoivent pas leur dû, ils ne peuvent être dans les meilleures conditions psychologiques et mentales pour honorer leur devoir vis-à-vis de leur employeur et surtout de la compétition. Un footballeur professionnel est un salarié qui, s'il n'est pas payé régulièrement, a le droit d'observer une grève, même s'il n'est pas syndiqué et couvert par la convention collective, comme c'est le cas pour l'ensemble des joueurs. La meilleure posture vis-à-vis de ce problème récurrent serait de le régler à la base. C'est-à-dire interdire aux clubs qui ne disposent pas de moyens financiers, qui puissent garantir la participation régulière et sans risque d'attenter à l'intégrité de la compétition et la fausser, de participer aux compétitions organisées sous l'égide de la Fédération ou de la Ligue de football professionnel. Un club qui menace l'intégrité de la compétition en raison de soucis financiers doit être exclu, à tout instant, de la compétition qu'il fausse.