L'effondrement des cours du pétrole va mettre fin au régime. Cette idée, reprise par ignorance ou fantasme d'autodestruction, n'est pas neuve et pourtant elle est fausse. Car avec trois chocs pétroliers, en 1973, 1979 et 2008, le même régime est au pouvoir depuis l'indépendance. Quelle est alors la corrélation entre le prix du pétrole et la nature du régime ? Il n'y a en a qu'une, quand le baril baisse, la population s'énerve parfois, mais le régime reste, ce qui signifie que le prix du pétrole n'a pas d'incidence sur sa survie. En 1962, le baril était à 1,52 dollar, ce qui n'a pas empêché l'armée des frontières de prendre le pouvoir. En 1965, il baisse de 10 cents pour s'établir à 1,42 dollar, est-ce la raison pour laquelle Boumediène a fait un coup d'Etat ? En 1979, le pétrole est même descendu à 1,21 dollar, ce qui n'a pas empêché la SM de torturer les opposants à l'électricité, une énergie tirée du pétrole. En 1973, il passe à 2,7, en 1974 à 15,43 et en 1979, à la mort de Boumediène, il est à 29,19 et 13,53 en 1986, où il ne se passe rien, mais en 1988, il est à 14,24 et la jeunesse sort dans les rues. Il remonte à 18,44 en 1992 à l'irruption du terrorisme, en 1999, il n'est qu'à 17,44 pour fêter l'arrivée de Bouteflika qui déchire la Constitution en 2008 pour arracher un troisième mandat avec un pétrole à 94,1. Il descend à 40,68 en 2016, mais personne n'est dans la rue. En 2019 enfin, il est à 62,98, ce qui n'empêche pas la population de sortir massivement pour manifester. Le lien n'est donc pas prouvé, et s'il devait y avoir une corrélation, ce serait à la rigueur entre le prix de l'huile d'olive et l'avenir du régime. Quand l'huile baisse, il y en a un peu plus partout et tout le monde a un risque plus élevé de glisser, y compris les décideurs. Mais même là, chacun n'est pas égal devant la mort. Quand on tombe d'un 12e étage d'un immeuble AADL, on a moins de chances de survivre que quand on chute du rez-de-chaussée d'une villa prépayée du Club des Pins. La vie est injuste.