Au-delà de la violence conjugale amplifiée par le confinement, hommes et femmes sont sur un pied d'égalité au moins sur un point : aller chez le coiffeur ou la coiffeuse comporte des risques, même si pour les femmes le problème semble sérieux, étant plus assidues sur l'esthétique. Du coup, plus personne n'ose aller se faire couper les cheveux ou les remettre en forme, de peur d'être contaminé et, de toute façon, ces commerces de services capillaires sont fermés. Internement oblige, on regarde donc la télévision, cheveux en l'air… Et ne voilà-t-il pas qu'un sournois débarque sur une chaîne française pour dénigrer l'aide chinoise à l'Algérie et avancer un chiffre absurde sur le coût de la mosquée de Bouteflika. Ce qui a non seulement provoqué l'indignation habituelle du ministère des Affaires étrangères, mais surtout la déception de l'ambassade de Chine à Alger qui a précisé que les 500 000 masques et le matériel médical incluant des respirateurs ont bien été livrés comme promis, en attendant d'autres apports. Pourquoi cette chaîne publique, donc étatique, a-t-elle invité cet énergumène, déclaré négatif au virus, et pas quelqu'un d'autre ? Probablement pour diaboliser les Chinois, pourtant au premier rang de l'aide internationale, qui font ce qu'ils peuvent pour combattre le virus à l'échelle planétaire, contrairement à d'autres pays plus inquiets pour leur économie et leur indice boursier que pour leur population. De quoi avoir les cheveux qui se dressent, ce qui ajoute un problème au problème, comme si l'Algérie n'en avait déjà pas assez avec ses maigres 60 milliards de dollars qui restent dans la caisse des réserves de change. Mais bref, dans un mois, ce sera donc le retour aux années 1970 : coupes hirsutes, cheveux énormes, têtes démesurées, le peuple des Djoudj et Madjoudj selon la prophétie, qui arrivera de l'Est, toujours selon la prédiction. D'ailleurs, les coiffeurs étant majoritairement de Jijel, à l'Est, pour ceux qui savent c'est assurément un signe de l'Heure.
