Une lettre ouverte du Collectif Alerte vient de s'adresser au Premier Ministre Edouard Philippe pour s'inquiéter des conséquences des effets du confinement «sur les personnes en situation de précarité, mais également pour les associations qui les accompagnent». Parmi les plus précarisés des précarisés, les étrangers en situation régulière ou pas, et les demandeurs d'asile, réguliers ou non, souffrent le calvaire. Les signataires sont Philippe de Botton, Président de Médecins du Monde ; Christophe Devys, président du Collectif Alerte ; Laurent Desmard, président de la Fondation Abbé Pierre ; Patrick Doutreligne, président de l'Uniopss ; Véronique Fayet, Présidente du Secours Catholique ; Louis Gallois, président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité ; Claire Hédon, présidente d'ATD Quart Monde ; Hubert Trapet, Président d'Emmaüs France ; Alain Villez, Président des Petits Frères des Pauvres. Malgré les mesures prises par le gouvernement en lien avec les associations «certains publics restent oubliés des pouvoirs publics alors qu'ils sont frappés de plein fouet par les conséquences de la crise». Les signataires estiment nécessaire et primordial de «mettre en place des dispositifs en direction des personnes à la rue, vivant en squats ou bidonvilles, pour assurer la protection de leur santé et la couverture de leurs besoins vitaux». Les associations réunies dans le Collectif Alerte mettent l'accent sur le fait que «de nombreuses personnes n'ont pas accès aux informations concernant l'épidémie, pire encore, elles n'accèdent même pas à l'eau potable, à des douches, des toilettes ou au minimum d'alimentation nécessaire. Plus inquiétant encore, dans de nombreux lieux de vie, aucune solution n'est proposée pour assurer le suivi et l'isolement des malades avérés du Covid-19». Dans le lot des personnes concernées, il faut s'assurer des droits humains «de l'ensemble des personnes présentes sur le territoire, quelle que soit leur situation administrative.» Le collectif s'inquiète d'ailleurs que depuis quelques mois car le gouvernement a remis en cause l'accès aux soins en prenant des «dispositions réduisant l'accès aux soins des étrangers» qui «privent de nombreuses personnes d'un accès à la santé en instaurant un délai de carence de 3 mois pour la couverture maladie des demandeurs d'asile, et en imposant de nouvelles restrictions pour accéder à l'Aide médicale d'Etat pour les étrangers sans titre de séjour». Comme cela est répété depuis de nombreux mois, sinon années, par les associations de lutte contre la précarité, les économies sur les aides étatiques à la santé pour tous créent des effets pervers qui font peser un risque sanitaire sur l'ensemble de la société : «La crise actuelle démontre qu'un accès facilité au système de santé est plus que jamais nécessaire : ces dispositions restrictives doivent être remises en cause». Pour les signataires, il est absolument urgent que «l'accès aux soins soit possible dès maintenant pour tous, même sans couverture maladie, afin de rendre possible l'intégration précoce dans un parcours de soins et de faire face aux défis de l'épidémie». Enfin, le collectif regrette que l'ordonnance du 25 mars dernier sur la prolongation des droits sociaux ne fasse «aucune mention de l'aide aux demandeurs d'asile et de son versement aux bénéficiaires actuels et primo-accédants». Il est indispensable «de garantir un accès aux aides sociales pour toutes les personnes qui en font la demande».