A peine trois mois après avoir été blanchi des faits de corruption liés à l'obtention de contrats par sa filiale Saipem auprès de Sonatrach en Algérie, le groupe italien Eni vient de signer un accord à l'amiable avec l'Autorité américaine de contrôle des changes (SEC, Securities and Exchange Commission), visant à régler les poursuites engagées contre lui, pour «violation» des règles de la comptabilité à travers «des paiements irréguliers» effectués par sa filiale Saipem, en Algérie. C'est ce qu'a révélé la SEC, dans un communiqué officiel, repris hier par l'agence Reuters, dans lequel, elle a précisé que le géant pétrolier italien a «violé les dispositions relatives aux contrôles comptables internes de la loi sur les pratiques de corruption à l'étranger en lien avec un régime de paiement irrégulier en Algérie par son unité Saipem». Le communiqué souligne que le groupe Eni et sa filiale ont accepté de payer 24,5 millions de dollars, en dommages et intérêts, pour avoir versé de «manière irrégulière la somme de 198 millions d'euros», dans le cadre de l'obtention (par Saipem) de plusieurs contrats en Algérie, d'une valeur de 8 milliards d'euros. Cette décision clôt définitivement le dossier de corruption au centre duquel se trouvaient les dirigeants d'ENI et de sa filiale Saipem, mais aussi l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, son épouse et ses deux enfants installés aux Etats-Unis, son conseiller financier Farid Bedjaoui, neveu de l'ancien ministre des Affaires étrangères Mohamed Bedjaoui, ainsi que son homme de confiance Réda Hemch (et son épouse) également à l'étranger ainsi que l'homme d'affaires Omar Habbour (associé de Khelil aux Etats-Unis) qui font tous l'objet de mandats d'arrêt internationaux lancés par la justice algérienne dans le cadre de l'affaire Sonatrach. Mis sous le coude par Saïd Bouteflika, frère du Président déchu après l'annulation du mandat d'arrêt international de Chakib Khelil, il y a quelques mois, le dossier est déterré par la Cour suprême, qui avait annoncé la convocation de l'ex-ministre de l'Energie qui, à ce jour, n'a pas répondu, nous dit-on. L'implication de ce dernier avait été révélée à la suite de commissions rogatoires délivrées – dans le cadre de l'enquête sur l'affaire Sonatrach 1 – à notamment l'Italie, la France, mais aussi à des pays asiatiques, qui ont levé le voile sur «une véritable entreprise de crime transnational» au centre de laquelle se trouvaient Farid Bedjaoui, Chakib Khelil, son épouse et ses deux enfants, principaux bénéficiaires des mouvements de fonds opérés par Saipem et la société-mère, Eni, en contrepartie de l'obtention de contrats en Algérie. Restées longtemps silencieuses, les autorités américaines ont néanmoins ouvert une enquête après la condamnation en première instance, par le tribunal de Milan, des dirigeants du groupe pétrolier Eni et de sa filiale Saipem, pour des faits de corruption liés au versement de pots-de-vin à des responsables algériens pour l'obtention de contrats avec Sonatrach. En janvier 2020, la cour d'appel de Milan blanchit les dirigeants du groupe Eni et de Saipem des faits de corruption.