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Abdelhafid Hadj Sadok. Directeur d'études au niveau du Secrétariat général du ministère de l'Education nationale : «Les textes régissant les établissements privés seront abrogés»
Avez-vous des chiffres actualisés du nombre d'écoles privées, élèves scolarisés, tous paliers confondus et enseignants ? Pour l'année scolaire 2019/2020, nous avons enregistré un total de 120 243 élèves scolarisés dans les 488 établissements privés de l'éduca- tion et d'enseignement qui se situent dans 31 wilayas. Nous avons 9253 élèves inscrits en édu- cation préparatoire, 64 424 élèves en enseignement primaire, 34 017 élèves en enseignement moyen et 12 549 lycéens. Pour ce qui est des enseignants, ils sont au nombre de 15 884. Les textes du cahier des charges ainsi que la loi régissant ces écoles sont critiqués. Y a-t-il une réflexion pour les abroger ? D'abord, il faut savoir que les textes des écoles privées datent de 2004, y compris le cahier des charges en vigueur. Le ministère de l'Education nationale n'a pas cessé de revoir ces textes. Tou- tefois, sachez que ces textes vont être abrogés. Ils seront relus et recorrigés pour améliorer cet ensei- gnement. D'ailleurs, des projets sont fin prêts pour être soumis au ministre et aux autorités de l'Etat. Nous procédons par priorité. Pour l'heure, elle est aux examens du BEM et du baccalauréat. Puis la rentrée scolaire. Le reste suivra très prochainement. C'est une question de mois. Les écoles dites privées portent plus une éti- quette commerciale qu'éducative. Pensez-vous qu'en abrogeant les textes régissant ces écoles, l'aspect commercial va tomber ? Le ministère de l'Education nationale va lan- cer, prochainement, des assises de diagnostic et d'évaluation pour l'amorce d'un dialogue national inclusif visant à tracer une feuille de route pour une réforme profonde du secteur. Parmi les points qui seront soumis à l'ensemble de la communauté éducative : l'enseignement privé. Un véritable diagnostic de l'enseignement privé sera ainsi fait. Toute la communauté éducative doit y participer, notamment les partenaires sociaux, les chefs d'éta- blissements, les enseignants, etc. Ils apporteront certainement des ajouts et des modifications qui pourraient faire avancer cet enseignement. Le double programme dispensé par ces écoles a-t-il un intérêt réel ? Absolument pas. Si l'élève arrive à assimiler un seul programme, c'est déjà très bien. Aucun enfant, peut importe son palier, n'arrive à supporter deux programmes. C'est d'ailleurs une très mauvaise chose. Et les parents n'ont pas à faire subir cela à leurs enfants. Il est à noter que ce programme est dispensé dans le cadre des activités optionnelles, à raison de 5h par semaine, dont l'école a droit. Mais le programme national reste le principal. Qu'en est-il du bac français ? Contrairement à ce que beaucoup pensent, être inscrit dans un établissement privé ne veut abso- lument pas dire passer le bac français. Ces écoles ont obtenu leur agrément, car leur responsables se sont engagés à respecter le cahier des charges. Les textes stipulent qu'ils doivent dispenser le programme national et de préparer les élèves aux examens nationaux organisés par l'Office national des examens et concours. Pour ce qui est du bac français, tout Algérien a le droit de le passer en tant que candidat libre. Les livres scolaires des programmes français sont-ils soumis au contrôle au même titre que les livres du programme national ? Il faut savoir que ces livres sont importés par des revendeurs et vendus dans les commerces et n'ont jusqu'à présent pas encore été contrôlés. Toutefois, ils seront soumis très bientôt à l'approbation du ministère de l'Education nationale. Ces manuels seront dorénavant homologués par la commission d'homologation des manuels parascolaires et la commission d'agrément des manuels scolaires (INRE) qui vont devoir jeter un œil officiel sur leurs contenus. Y a-t-il des contrôles réguliers de ces établis- sements ? Evidemment ! Les inspecteurs sont dans l'obli- gation d'inspecter les établissements publics mais aussi privés. A la rentrée de chaque année scolaire, le directeur de l'éducation délivre une liste des éta- blissements privés d'une circonscription ou d'une wilaya à aux inspecteurs. Ils ont donc pour mission de faire leurs tournées d'inspection et organiser des séminaires suivant un programme bien défini. N'oublions pas que l'inspecteur pédagogique a des supérieurs. Ce sont les inspecteurs centraux de l'inspection générale du ministère de l'Education nationale. Ces derniers font des bilans qu'ils trans- mettent au ministre sur les activités d'inspection établies et faites sur le terrain. Quelles sanctions contre les écoles ne répon- dant pas au cahier des charges ? Nous avons déjà sévi quand il y a eu un manque- ment au cahier des charges. C'est d'ailleurs stipulé dans les textes. Pour ce qui est des sanctions, elles dépendent du type de fautes commises par les éta- blissements. Elles peuvent aller de l'avertissement ou le blâme, jusqu'au retrait de l'agrément. Sachez que nous avons déjà fermé des établissements dès que nous avons constaté qu'il y a des manque- ments. Des enfants peinent à être réinscrits pour non- paiement des frais du 3e trimestre. Que faites-vous pour pallier ce problème ? D'abord, je tiens à préciser que la priorité pour le ministère de l'Education nationale est de sauvegarder l'intérêt de l'élève, et ce, depuis la création de ces écoles privées. Etant inscrit dans un établissement scolaire, on veille à ce que l'enfant garde ses droits. Lorsqu'on constate qu'un enfant a perdu ses droits car ses parents n'ont pas payé un trimestre, le ministère intervient directement en obligeant l'établissement à réintégrer l'enfant. D'ailleurs, le cahier des charges stipule qu'on peut aller jusqu'au retrait d'agrément si on empêche les élèves d'être ré-scolarisés ou de changer d'éta- blissement. Sachez aussi que nous avons tenu des réunions avec le ministère du Commerce afin de solutionner ce problème de paiement. Entre-temps, les établissements qui faisaient pression pour ces frais ont fait machine arrière. Nous avons même reçu des engagements écrits de leur part quant à la non-obligation de faire payer les parents la troi- sième tranche. Dans le cas où la situation persiste, ces enfants/parents doivent se faire connaître en adressant des plaintes à l'Académie et au ministère de l'Education afin que l'on intervienne pour pré- server les droits des enfants, peu importe s'il y a eu paiement ou pas.