Les personnes âgées sont la frange de la société la plus vulnérable à la Covid-19 et au risque de développer une forme grave d'infection à ce virus. Le taux de contamination et de mortalité parmi elles est éloquent si on se fie aux bilans quotidiens, et ce est du à la fragilité du système immunitaire chez ces personnes et au fait qu'elles présentent d'autres maladies liées à l'âge. A Béjaïa, au côté des institutions publiques de prise en charge de ces personnes, certaines associations sont conscientes du rôle du mouvement associatif et de sa capacité dans les rapports de proximité. Evoluant dès sa création presqu'exclusivement dans le domaine de la prise en charge des personnes âgées, l'association Er-Rahma de Béjaïa s'est adaptée à cette nouvelle donnée qui est la pandémie. Afin de protéger cette population fragile, l'association a suspendu toutes les activités habituelles. Cependant, la section qui a été créée au sein de cette association et qui prend en charge les personnes âgées à domicile, à travers des soins et leur dotation en matériel médical et même en aides alimentaires, s'est conformée au protocole de protection contre la propagation de la pandémie. Des infirmiers et médecins bénévoles continuent de rendre visite aux vieilles personnes chez elles dont certaines vivent seules. «Cette pandémie nous a obligés de prendre les mesures de protection indispensables pour continuer de prodiguer des soins et de protéger en même temps cette frange de la société fragile de la contamination», dira le président de l'association Yazid Khima, qui affirme en plus de cela que les adhérents font tout pour éviter à ce que les malades soient dans le besoin ou dans l'obligation de sortir de chez eux. «Une partie de ces vieilles personnes, notamment celles qui vivent seules dans des conditions assez précaires est régulièrement contactée par téléphone pour noter ses besoins afin de lui éviter le déplacement. Nos adhérents se chargent alors d'acheminer tout ce dont ils ont besoin comme les médicaments et les produits alimentaires», ajoute-t-il. Avec l'apparition du Sars-CoV-2, les infirmiers bénévoles et le médecin qui interviennent auprès de ces personnes, après avoir fini une journée de travail à l'hôpital, sont également aptes à distinguer les symptômes de cette maladie. En cas d'alerte, l'association dispose déjà d'un procédé bien rodé. «Nous contactons la protection civile pour déplacer le malade vers le CHU où il nous arrive très souvent d'assurer le rôle de garde malade pour les personnes qui vivent seules», assure Yazid Khima. Excursions gelées D'ordinaire, l'association intervient pour assurer des soins, distribuer des couches pour adultes, dispenser des premiers soins et organiser des activités de détente au profit des personnes âgées. Les produits indispensables pour cette catégorie du troisième âge sont les couches pour adultes. «L'association ne cessera pas de demander de l'aide pour l'acquisition de ces couches parce qu'elles sont, sans exagération, vitale pour le malade. La condition d'hygiène est primordiale, sans cela les malades se sentent très mal dans leur peau et dans leur tête et c'est ce qui leur permet d'aborder la vie avec un peu d'assurance tous les jours car il faut savoir qu'en l'absence de ces couches, il arrive au malade de s'abstenir même de boire et de manger pour éviter ses rejets», regrette Yazid Khima qui lance un énième appel aux âmes charitables. Ces couches, selon les marques, se vendent 700 DA et plus. Les 3000 DA alloués à ces cas sous forme d'allocation forfaitaire de solidarité (AFS) ne peuvent, très souvent, même pas couvrir la facture d'une seule opération de changement de pansement pour les cas présentant des escarres. L'avènement de la pandémie Covid-19 a complètement chamboulé le programme d'action de l'association. Les excursions vers les hammams, les campings pour vieux ou tout simplement les virées dans le plein air sont suspendus. Dans le cadre de ce genre d'activité, l'association Er-Rahma collabore souvent avec le foyer pour personnes âgées de Béjaïa afin de faire profiter les pensionnaires de la maison des vieux. Mais le bien-être psychologique et physique de ces patients est capital. Pour cette raison, l'association compte absolument faire rentrer la joie de l'Aïd El Kebir dans les foyers des 286 personnes âgées qui sont prises en charge par l'association avec l'aide de fidèles et constants bienfaiteurs. «Au programme, à l'occasion de l'Aïd, la constitution de couffins de produits alimentaires et de la viande fraîche pour nos vieux et vieilles. Nous ne pouvons pas faire autrement et de piétiner le protocole de protection contre la Covid-19», assure notre interlocuteur. Khima Yazid espère à la fin que les pouvoirs publics s'intéressent davantage à cette catégorie sur le plan humanitaire «car tous, sans exception, on donné quelque chose à ce pays».
