Le risque que la pandémie continue de frapper encore plus durement les économies reste malheureusement omniprésent. Certains pays européens, qui étaient jusqu'à ce mois d'août plus ou moins épargnés par une propagation accélérée du virus, voient ainsi l'épidémie repartir avec toujours plus de contaminés. Les pays de la région MENA s'exposent eux aussi aux contrecoups de ce qui s'apparente à une deuxième vague de cette épidémie. Un rapport de Capital Economics, cité par l'APS, a attiré l'attention sur le risque d'une escalade de l'épidémie dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) au cours des semaines et des mois à venir, qui entraînerait un resserrement des restrictions, conduisant à des défis encore plus grands que prévu pour la reprise économique. La société indépendante de recherche économique, basée à Londres, a noté dans sa nouvelle évaluation de l'état de la Covid-19 que la crise pourrait à terme laisser des séquelles économiques très profondes. Qu'en sera-t-il de l'Algérie ? Son économie est déjà durement à l'épreuve après des mois de confinement et de ralentissement de l'activité économique, qui a jeté des pans entiers de travailleurs dans les bras du chômage pour certains et hypothéqué l'avenir de pas mal d'entreprises. Les pertes pour les entreprises se comptent en milliards, selon un document rendu public à l'occasion de l'installation de la commission de sauvegarde et d'évaluation des incidences de la crise sanitaire sur l'économie. Sans compter le secteur de l'énergie pourvoyeur de devises pour le pays, qui pâtît du manque de la relance de l'économie mondiale. Mais également le secteur des transports, celui du tourisme ainsi que le bâtiment et les travaux publics, qui sont des réservoirs d'emplois. On enregistre pratiquement partout des manques à gagner des secteurs et branches d'activité qui tirent le croissance. «L'Algérie fait face à une situation économique difficile et inédite, en raison de plusieurs facteurs, notamment la crise structurelle héritée de l'ancien gouvernement, la chute des cours des hydrocarbures et, enfin, la crise sanitaire due à la pandémie du nouveau coronavirus», avait concédé le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, fin juillet dernier. La rentrée sociale risque donc d'être plus difficile que prévue, compte tenu des menaces de la Covid-19. Nombre de pays de la région sont sur le qui-vive tant les voyants virent au rouge. «Des données récentes ont déjà montré que le chômage en Egypte a augmenté, et une enquête de la Chambre de commerce de Dubaï a noté que plus de 75% des entreprises de voyages et de tourisme pourraient fermer leurs portes d'ici la fin de l'année», soulignent les auteurs du rapport cité plus haut. La réponse rapide des autorités, qui ont imposé des verrouillages stricts ainsi que des tests à grande échelle, a permis une réduction du nombre de nouveaux cas quotidiens depuis le début du mois de juillet, note le rapport, affirmant cependant que les cas aux Emirats arabes unis (EAU) ont commencé à augmenter ces dernières semaines pour atteindre leurs niveaux les plus élevés depuis la mi-juillet. «Les autorités ont déjà prévenu que si les choses continuent de se détériorer, elles pourraient réimposer le couvre-feu national et les programmes de stérilisation.» Selon James Swanston, économiste spécialisé de la région MENA chez Capital Economics, «Dubaï est l'économie la plus vulnérable de la région aux mesures de distanciation sociale, aux interdictions de voyager et aux verrouillages», prévenant qu'il y a un risque réel que la crise déclenche de nouveaux problèmes d'endettement dans l'émirat. Quant à l'Egypte, où l'on craignait que l'assouplissement du verrouillage soit intervenu trop tôt, elle enregistre une augmentation de nouveaux cas quotidiens à la fin mai et au début juin. «Depuis, le nombre de nouveaux cas quotidiens est passé d'une moyenne de près de 1500 à moins de 200.» Pour leur part, le Maroc, la Tunisie, la Jordanie et le Liban ont vu le virus se propager rapidement ces dernières semaines. «Ces économies sont les plus vulnérables de la région à un nouveau resserrement des mesures d'endiguement, et les reprises pourraient s'avérer encore plus faibles que ce que nous prévoyons actuellement», a déclaré le même économiste.