Après un immense sit-in organisé à l'entrée de Lakhdaria (Bouira), à l'est de la capitale, du 31 août au 2 septembre 2020, les centaines de réservistes et les radiés de l'Anp ont levé «le siège» de la ville jeudi dernier. La décision a été prise après les contacts entrepris par les services de la présidence de la République avec les représentants de manifestants, organisés autour d'un conseil national, pour une réunion prévue le 8 septembre au Palais d'El Mouradia, à Alger. Contacté, Mourad Magoira, coordinateur de M'sila et membre du conseil, s'est déclaré «très optimiste» et a évoqué une «lueur d'espoir pour voir les revendications des milliers de réservistes mobilisés durant les années 1992-1996 et les radiés des rangs de l'Anp arracher enfin leurs droits», pour lesquels ils se battent depuis 2016. «Notre sit-in a été bien organisé afin que les axes routiers ne soient pas bloqués. Nous avons passé trois nuits dans la rue pour exiger des autorités de nous écouter et de prendre en charge nos revendications. Nous avons déjà été invités par le ministère de la Défense, qui nous a demandé de nous organiser et de recenser les personnes concernées, en nous promettant de prendre en charge nos préoccupations. Nous l'avons fait. La liste a été arrêtée à 140 000 personnes mobilisées dans les 48 wilayas dans le cadre de la lutte antiterroriste, en 1992, pour une période de 6 mois et qui n'ont pu être démobilisées qu'en 1996. Tous ces jeunes ont le droit d'être reconnus, pris en charge et bénéficier d'une retraite», déclare Mourad Magoira. Il précise, par ailleurs, que l'imposant rassemblement de la semaine écoulée à Larbataâch (est de la capitale) a été organisé par les retraités de l'Anp représentés par Amar «El Biri». «Leur action a fini par porter ses fruits puisqu'ils sont été invités eux aussi par le ministère de la Défense et la présidence de la République, qui se sont engagés à concrétiser leur plateforme de revendications liée à des droits sociaux dont bénéficient les retraités de l'armée. Nous espérons que ces premiers contacts lèveront tous les obstacles qui ont empêché le règlement de ces conflits et que nos revendications soient concrétisées.» Pour notre interlocuteur, «il est anormal que les bourreaux que nous affrontions hier soient reçus et réhabilités, alors que des milliers de jeunes mobilisés pour aider l'armée à lutter contre le terrorisme soient abandonnés, certains avec des maladies, d'autres avec des blessures ou sans revenus. Nous voulons fermer ce dossier définitivement, en donnant à chacun son droit. La réunion de mercredi prochain au siège de la Présidence avec les membres du Conseil national des mobilisés et radiés de l'Anp, et à laquelle prendront part les services du ministère de la Défense, est très importante pour nous. Elle nous donne l'espoir de clore ce dossier et de rétablir ceux qui se sont sacrifiés pour ce pays dans leurs droits».