Samedi 12 septembre 2020, dans une grande salle du centre culturel communal enfoui dans les dédales du grand et populeux quartier de Zaaroura quelques dizaines de convives entourent une poignée d'enfants atteints d'IMC ou incapacité motrice cérébrale. Si l'officialisation du bureau de wilaya et à sa tête docteur Bendounane Khaldia était à l'ordre du jour, les parents qui entretenaient une relation intense avec leurs progénitures n'ont pu se retenir pour évoquer les aléas d'une prise en charge de plus en plus difficile. Et pour cause, bien avant la déclaration du président de l'association nationale «Espoir-Vie» d'enfants atteints d'IMC, Sido Mokadem, présent à Tiaret avec une partie de son staff pour revenir sur la longue plate-forme de revendications adressées au président de la république, c'est la présidente qui plante le décor comme pour semer un brin d'espoir dans l'esprit et le cœur tourmentés des parents. Dorghal Zina, 5 ans, Houari Anfal, 5 ans, HouarAbir, Dilmi Bouchra, 4 ans et Khaldi Tesmim -Fatima, 44 mois figurent parmi les premières adhérentes de l'association. Si Mokadem parle de 15 000 enfants atteints d'IMC en Algérie, à Tiaret on en est encore au recensement. Leurs parents ont chacun une histoire poignante à raconter. Khaldi Tesmim Fatima est une rescapée jumelle. Si sa sœur Fatima est décédée, ses parents ont vite fait d'adjoindre son nom à Tesmim, histoire de garder l'espoir d'une guérison que beaucoup n'entrevoient pas à l'aune de frais, toujours lourds à supporter. Le comble aura été d'entendre dire qu'une jeune maman a été répudiée à cause de l'infirmité de son bébé. Le père de Tesmim vient de Medrissa et évoque «un manque de prise de conscience de beaucoup de parents notamment les nouveaux mariés et sur la nécessité d'un suivi strict depuis la grossesse et parle de l'absence de catégorisation de cette pathologie (l'IMC) que les pouvoirs publics cochent avec les handicapés mentaux». «Plutôt une aberration» dira M. Khaldi qui arrive difficilement à contenir sa colère en ajoutant qu'«il est urgent d'ouvrir des centres de rééducation fonctionnelle en Algérie car beaucoup si non l'écrasante majorité ne pourront s'offrir des soins à l'étranger notamment en Turquie pour 3000 à 4000 euros». En plus de l'éloignement du chef-lieu de wilaya, il cite «l'absence d'équipement adéquats, les médicaments, les couches et le transport.» Autant de manquements qui condamnent presque cette frange à la mort.