Hier, deux regroupements ont été tenus simultanément aux sièges de la wilaya et de la daïra de Souk Ahras en signe de protestation contre les listes provisoires des attributaires du logement public locatif. Des slogans mettant en relief la non-application des principes d'équité et de priorité ont été scandés par les protestataires qui ont occupé aux premières heures de la journée les alentours desdits sièges provoquant quelquefois des perturbations de la circulation routière. Un important dispositif sécuritaire y était déployé depuis la veille, et ce, en prévision aux éventuels débordements. Des hommes et des femmes visiblement déçus exprimaient leur mécontentement dossiers en main et ils ont été nombreux à le faire. Salahedine C. est un employé dans le secteur privé qui déclare percevoir à peine 18 000 DA et pourtant il en a été exclu, lui qui assure être né à Souk Ahras et qui traîne un dossier vieux de près d'une vingtaine d'années ainsi qu'en font foi ses documents. Il vit avec ses trois enfants dans un local sans eau et sans sanitaires. Merah Choukri dit percevoir le même salaire et vit dans l'exiguïté avec ses enfants et ses frères et sœurs. «J'ai exposé mon cas au chef de daïra qui m'a fait comprendre que ma demande fera partie des priorités sans qu'aucune suite n'ait été faite à ma doléance», affirme-t-il. Pour Rachid Boualleg, dont le dossier remonte à plus de deux décennies, ce sont des bénéficiaires de l'âge de son fils qui ont trouvé leurs noms inscrits sur les listes des bénéficiaires, selon lui. «Des excès ont été constatés – nous devons le reconnaître – dans la catégorie des moins de 35 ans, car il ne suffit pas de bourrer les listes avec cette frange pour faire équitable», a déclaré sous le sceau de l'anonymat une source proche de la commission de daïra. Une autre source a indiqué que des personnes malintentionnées, jouissant de complicités, ont usé du chapitre des bidonvilles pour contourner le barème officiel et glisser une pléthore d'indus attributaires. «Au lieu de résorber l'habitat précaire dans les quartiers vétustes où il existe une traçabilité des dossiers et d'authentiques postulants, la commission de daïra a privilégié les bidonvilles où l'on arrive tant bien que mal à valider des employés des grandes entreprises publiques et de grands commerçants, dont certains ont opté pour la radiation momentanée des registres de commerce», a tonné un protestataire abordé devant le siège de la daïra. Lui aussi avait été reçu des mois auparavant par le chef de daïra. La tension persiste jusqu'à l'heure où cet article est rédigé et les contestataires maintiennent la pression.