La mise en application de l'accord de paix entre le gouvernement soudanais et les mouvements armés s'élèvera à 7,5 milliards de dollars (6,3 milliards d'euros). C'est ce qu'a indiqué la ministre des Finances, Heba Mohamed Ali Ahmed, citée hier par les médias. Selon le document signé le 3 octobre à Juba, le gouvernement s'est engagé à financer d'importants projets de développement dans les régions affectées par 17 ans de guerre civile. « La mise en application du plan de paix nécessite au moins 7,5 milliards de dollars sur dix ans», a annoncé la ministre. Au cours d'une réunion de travail jeudi pour établir une carte globale des besoins, la ministre a aussi demandé aux gouverneurs et aux responsables locaux de fixer les priorités et de déterminer les projets les plus importants et les plus urgents, tel le retour des réfugiés. «La réussite d'un plan de paix dépend entièrement de la manière de résoudre les problèmes fondamentaux qui ont causé les guerres et les conflits», a-t-elle dit. La ministre a cité par exemple le volet sur le partage des richesses, dans lequel le gouvernement s'engage à verser immédiatement 300 millions de dollars (254 millions d'euros) à la Commission de développement et de reconstruction du Darfour, puis 1,3 milliard (1,1 milliard d'euros) sur 10 ans. « Le ministère des Finances doit créer un environnement favorable à l'investissement pour inciter le secteur privé local et international à investir dans les régions les moins développées », a-t-elle soutenu. Le gouvernement soudanais et des chefs rebelles ont signé le 2 octobre à Juba au Soudan du Sud un accord de paix qui doit mettre fin à 17 ans de guerre. Des représentants du gouvernement de transition soudanais et de mouvement rebelles, ainsi que des diplomates tchadiens, qataris, égyptiens, de l'Union africaine et des Nations unies, ont participé à la cérémonie. Les autorités de Khartoum en place après une révolte populaire ayant mis fin en avril 2019 à 30 ans de dictature d'Omar Al-Béchir, ont fait de la paix avec les rebelles leur priorité. Sous le régime Béchir, les rebelles issus de minorités ethniques s'estimaient marginalisés dans un pays confronté à une grave crise économique, ayant été notamment amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l'indépendance du Soudan du Sud. L'accord est composé de huit protocoles: propriété foncière, justice transitionnelle, réparations et compensations, développement du secteur nomade et pastoral, partage des richesses, partage du pouvoir et retour des réfugiés et déplacés. Il stipule également le démantèlement à terme des groupes armés et l'intégration des combattants dans l'armée, qui devra être représentative de toutes les composantes de la société. Le Soudan est l'un des pays les plus pauvres au monde. Il est classé 168e sur 189 par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) en 2019. En 2011, la sécession du Sud a durement touché l'économie soudanaise, privée des trois quarts de ses réserves de pétrole et de l'essentiel des revenus des hydrocarbures. Le pays est affecté par vingt ans d'embargo américain en raison de violations des droits humains et de liens avec le «terrorisme». L'embargo a été levé en 2017 mais le Soudan reste sur la liste noire américaine des pays soutenant le«terrorisme». En juillet, la communauté internationale a promis une aide de 1,8 milliard de dollars pour soutenir la transition démocratique. Le gouvernement a déclaré l' «état d'urgence économique » face à l'effondrement de la livre soudanaise et à une inflation annuelle frôlant 150%. Advertisements