El Watan est allé chez la famille du terroriste de Nice, auteur de l'opération ayant coûté la vie à trois personnes dans la basilique Notre-Dame-de-l'Assomption. Il s'agit d'un jeune Tunisien de 21 ans, qui vient d'arriver en France, selon les révélations des membres de sa famille. Il les avait appelés au téléphone la veille de l'opération. Il était en Italie, où il avait émigré clandestinement dans la 2e quinzaine du mois de septembre dernier. Depuis l'opération terroriste cruelle, de multiples interrogations fusent de toutes parts sur le profil de la personne, vu l'horreur de l'acte. El Watan a essayé de lever le voile sur une partie du parcours de Brahim Aissaoui. Le tueur terroriste de Nice, Brahim Aissaoui, est originaire d'un milieu modeste tunisien classique. Une famille de 11 enfants, vivant dans un quartier populaire à 10 kilomètres de la grande ville de Sfax, au Sud-Est tunisien. Son père a migré de la campagne de Kairouan il y a de cela 22 ans, avant la naissance de Brahim. Ce dernier a quitté le collège à 14 ans, après avoir raté sa 7e année de base. L'un des 100 000 enfants, rejetés annuellement hors du parcours scolaire, avant l'âge de 18 ans, en l'absence de tout autre encadrement socioprofessionnel. Brahim a rejoint un cycliste et l'a aidé, durant deux ans dans les petites tâches, ce qui lui a permis d'apprendre le démontage des cyclomoteurs. «Mais, 300 DA par mois (95 euros), c'est peu», a-t-il dit à sa mère Gamra, à la veille de son départ de chez ce cycliste, pour travailler dans une huilerie. Là, il est parvenu, durant les deux années suivantes, à réunir 1200 DA (380 euros). «Ouvre ta propre boutique d'accessoires pour cycliste, puisque tu t'y connais», lui avait alors dit sa mère. «Non, je vais acheter une petite citerne et vendre de l'essence», lui avait-il répondu. C'est ce qu'il faisait avant son départ en Italie, en septembre dernier. Selon son père, Mohamed, depuis qu'il gagnait des sous, il arrivait à Brahim de rentrer saoul. Le père a même surpris sa progéniture en train de «rouler du haschich». Mais, poursuit le père, «il a tout arrêté depuis près de deux ans, quand il a commencé à faire la prière». Néanmoins, le père insiste sur le fait que le comportement de son fils n'a pas changé. «Il est toujours obéissant et nous respectait, sa mère et moi, qu'il boive ou qu'il prie», précise-t-il, en ajoutant qu'il ne parlait pas beaucoup avec lui. «Il parlait plutôt avec sa mère, ses frères et sœurs. Il m'arrivait juste de lui dire bonjour, lorsqu'il parlait à la famille sur Messenger, alors qu'il était en Italie», raconte-t-il. En réponse à la question si la famille va lui désigner un avocat, le père oppose un niet catégorique : «J'aurais aimé qu'il soit tué et qu'on l'enterre. Vaudrait mieux qu'ils le gardent là-bas, tout le temps.» L'expression «tout le temps» signifie en dialecte tunisien la condamnation à perpétuité. Le père n'arrive pas à comprendre ce qui a poussé son fils à commettre pareille horreur. «Il ne lui manquait pas grand-chose et j'avais cru qu'il partait en Europe pour améliorer sa situation», regrette-t-il. La veille Sa mère, ses frères et sœurs ont parlé à Brahim la veille de l'opération. «Brahim était lors de notre échange, au téléphone, dans les mêmes escaliers où il a été soigné par les services d'urgence, sur la télé», raconte sa mère. Son frère Nassim se rappelle des propos de Brahim. «Je viens d'arriver ici ; j'ai trouvé ces escaliers où je vais passer la nuit, puisque j'ai un carton et une couverture. Demain, je verrai quoi faire», se rappelle Nassim. C'étaient les propos échangés avec Brahim, la veille. Nassim travaille avec un marchand de friperie. Il a été interrogé, comme toute la famille, par la brigade antiterroriste, durant toute la journée d'avant-hier, jeudi. Ils n'ont été libérés que vendredi matin. La police a perquisitionné la maison et n'a rien trouvé à emporter. Le père de Brahim insiste sur le fait «qu'à la maison, Brahim n'avait pas de contacts suspects. Même son téléphone n'est pas connecté à internet», ne cesse-t-il de répéter, en précisant néanmoins qu'il n'a aucune idée sur les contacts externes de son fils. Tout le monde connaissant Brahim est perplexe. Tout le monde condamne également cet acte barbare. Mais, personne n'a de réponses sur les motifs ayant poussé ce jeune au parcours anodin à devenir terroriste. Concernant l'organisation «El Mahdi au Sud tunisien», qui a publié une vidéo, jeudi, disant qu'elle serait derrière cette attaque terroriste, le président du bureau d'information et de communication auprès du Tribunal de Tunis, Mohsen Dali, a déclaré qu'une enquête a été ouverte avant-hier pour vérifier ces données. «La personne présente sur la vidéo, ainsi que celle qui a filmé, ont été arrêtées dans la zone de Gafsa, au Sud tunisien. Les interrogatoires se poursuivent avec eux, concernant l'organisation et leur éventuel lien avec l'opération terroriste de Nice», a indiqué Dali à divers médias.
Tunis De notre correspondant Mourad Sellami Advertisements