Un grave incident a marqué le début du match Paris SG-Basaksehir (Turquie), mardi soir au Parc des Princes (Paris). A la 23e minute de la partie comptant pour la dernière journée des éliminatoires, en poule, de la Ligue des champions, l'arbitre directeur, un Roumain, est alerté par le 4e arbitre qui lui demande de venir près de la ligne de touche pour lui signaler un membre du staff technique du club turc mécontent de la faute signalée contre un joueur du Basaksehir. Rapidement tout s'emballe. Le 4e arbitre crie dans l'oreillette de l'arbitre directeur : «C'est le négro !» allusion au coach adjoint de Basaksehir, le Camerounais Achille Webo. Tous ceux qui étaient sur la main courante ont entendu ce qu'a dit le 4e arbitre. L'ancien joueur des Lions Indomptables, Achille Webo, est dans tous ses états. Il n'a pas admis le propos raciste de l'homme en noir. Il se dirige vers lui et lui crie : «Pourquoi m'as-tu traité de négro ?» qu'il répète à plusieurs reprises. L'arbitre directeur s'empresse de sortir le carton rouge, synonyme d'expulsion. Il n'aurait jamais dû le faire, parce que lui, le premier, a entendu le propos raciste de son collègue. En expulsant Achille Webo, il a fait comme si rien de grave ne venait de se produire sur la main courante. Hors de lui, Demba Ba, le joueur sénégalais de Basaksehir, s'en prend, verbalement, aux deux arbitres les accusant de propos racistes. Le match s'est arrêté et les deux équipes ont rejoint les vestiaires. Ce fait grave lève le voile sur l'impunité qui entoure les actes et propos racistes qui sont légion sur les stades et terrains du vieux continent. Ce grave incident a eu le mérite de mettre au jour les postures hypocrites des dignitaires du football mondial en général et européen en particulier. Qu'est-ce qui était grave, la réclamation d'Achille Webo ou le propos raciste du 4e arbitre roumain qui ne serait pas à sa première faute en la matière ? L'arbitre directeur qui a entendu, en premier, le propos raciste de son assistant sur la touche aurait dû prendre une mesure conservatoire contre lui, par exemple le renvoyer au vestiaire, tenter de calmer les esprits en montrant qu'il se désolidarise de l'auteur de la première faute. Il a choisi la plus mauvaise option. La responsabilité de ce qui est arrivé ne s'arrête pas aux deux arbitres. L'UEFA, à travers ses officiels à Nyon ou ceux qui étaient présents au Parc des Princes, en a rajouté une couche en soufflant à l'arbitre directeur de prier le fautif d'aller rejoindre le car réservé à la VAR pour prendre la place de celui qui viendra le remplacer sur le terrain. Par cette tentative, l'UEFA a tenté d'étouffer l'affaire dans l'œuf. Le Sénégalais Demba Ba suivi par les joueurs des deux clubs ont signifié aux officiels de l'UEFA qu'il n'était pas possible de permettre aux arbitres roumains de continuer à diriger le match. L'idée de changer le 4e arbitre par un collègue installé dans le car où les membres de la VAR suivaient la rencontre a démontré la collusion UEFA-arbitres du match. Est-ce que l'UEFA va appeler à la tenue d'un comité d'urgence pour traiter cette affaire ? Peu probable. La FIFA – si prompte à monter sur ses grands chevaux pour défendre ses beaux principes de loyauté, de fair-play et de lutte contre le racisme – réagira-t-elle après le grave incident de Paris ? Les deux instances ont vite fait de passer à autre chose, alors qu'elles savent que le racisme est qualifié de «crime contre l'humanité». Elles feraient mieux de mettre en sourdine les nobles principes qu'elles disent promouvoir et défendre... qui sont toujours pris en défaut par les racistes qui pullulent en Europe. On serait tenté de dire avec la bénédiction des cols blancs. Advertisements
