Impopulaire dès sa naissance, Ouyahia aura réussi, par ses aveux, à choquer tout le monde, y compris les plus fervents partisans de Bouteflika, les plus zélés des plus malhonnêtes du RND et même le petit voleur à l'arraché de bijoux des femmes du quartier. Car il ne s'agit pas d'un simple fonctionnaire, directeur de la poste de Babar ou chef de daïra de Stitten, mais d'un Premier ministre, plusieurs fois chef de gouvernement et même ministre de la Justice sous le grand patriote Zéroual, énarque, longtemps chef d'un parti au pouvoir et donneur de leçons au quotidien, même les week-ends. Pourtant, dans ses aveux tardifs sur sa fortune, il a déclaré avoir reçu des lingots d'or pour les revendre au marché noir avec l'accord de la Banque d'Algérie. Celle-ci n'ayant pas démenti, peut-on croire que la Banque centrale du pays puisse autoriser à écouler dans la rue des lingots d'or sans déclaration d'origine ni de douane, de certificat ou d'agrément, alors que pour 1 euro non déclaré, elle peut bloquer une petite entreprise pendant 30 ans ? Bien sûr que non, tout comme les archives de la guerre d'Algérie, les vérités ne sont pas accessibles, ruse au troisième degré d'Ouyahia ou cette insistante rumeur sur le pied du Président victime d'un tir de balle d'un général furieux qui aurait débarqué dans son bureau. Tout est possible, de même que ces complots dont a parlé le général Tartag à son procès, celui de 1967, et surtout celui de 2019 lors d'une réunion à la 4e Région militaire d'après lui, au sujet duquel le juge a ordonné un non-développement et dont il est interdit de parler. Ouyahia aurait donc inventé toute cette histoire cousue d'or pour cacher une autre origine de sa fortune. Mais laquelle ? A-t-il vendu les organes des orphelins du RND, illégalement vendu au Polisario des stocks de yaourts, ou gagné 10 000 DA sur chaque cadre qu'il a mis en prison à l'époque ? Dans tous les cas, il est en prison. Et les honnêtes gens sont plus tranquilles quand ils sortent dans la rue. Advertisements