La situation dans ces établissements a atteint un seuil critique, au moment où les gérants trouvent d'énormes difficultés à couvrir leurs charges. Il fallait s'y attendre, les villages touristiques de Hammam Debagh (ex-Meskhoutine) ou celui de Hammam Ouled Ali situés dans la wilaya de Guelma se meurent lentement faute d'affluence de curistes. La pandémie de la Covid-19, qui a frappé et frappe toujours le secteur du thermalisme, pour ne citer que ces deux pôles à vocation indéniable, a réduit à néant les chiffres d'affaires des quelques bains et autres activités annexes. Mais encore, ce sont des dizaines de milliers de curistes des wilayas limitrophes et même du territoire national qui n'ont plus eu accès aux bienfaits des eaux de source de la région de Guelma. Avec la reprise du transport interwilayas autorisé il y a deux semaines, est a priori de bon augure d'autant que les gérants des bains et autres commerçants espèrent une relance significative de l'activité, laquelle à défaut plongera toute une région dans le marasme. «Voyez par vous-même ! Notre parking est pratiquement vide», a déclaré à El Watan le réceptionniste d'un hôtel thermal du secteur privé à Hammam Debagh. «Notre chiffre d'affaires pour les bains a chuté. Il y a eu des jours ou lorsqu'un véhicule stationne chez nous et des clients entrent pour prendre un bain, cela relève du miracle. À raison de 250 dinars par personne, nous sommes passés en moyenne de 40 000 dinars de recettes par jour à moins de 10 000 DA», précise notre interlocuteur. «Quant à l'octroi des primes Covid-19, le personnel a reçu les 10 000 DA d'aide, mais vous pensez bien que cela est insignifiant face aux dépenses d'un père de famille», conclut-il. Une situation plus alarmiste, nous la retrouvons auprès d'un médecin physiothérapeute du secteur privé toujours à Hammam Débagh. «Les nombreux patients que nous recevions ici, il y a quelques années, pour alléger leurs souffrances ne peuvent plus venir faute de confinement et son retentissement sur le transport interwilayas. Que sont-ils devenus? Les eaux thermales de Hammam Meskhoutine sont réputées pour leurs actions avérées sur les maladies rhumatismales, de la peau et de la sphère ORL», explique le médecin. En effet, les curistes, à ne pas confondre avec les vacanciers occasionnels, n'ont d'yeux que pour cette eau hyperthermale de Hammam Debagh, dont la température varie entre 85° et 97°C, soit la 2e au monde après celles des geysers d'Islande. Des eaux de source bicarbonatée mixte, calcique, sodique et carbo-gazeuse qui jaillissent de quelque 13 griffons sur ce site unique. Le taux de fréquentation chute à 10% Ainsi, le taux de fréquentation à la station thermale Chellala à Hammam Debagh du groupe HTT (hôtellerie tourisme et thermalisme) a chuté de 90% durant l'année 2020 et plus précisément à l'annonce de la pandémie de la Covid-19. «Nous disposons de 17 conventions pour la prise en charge des patients de caisses, telles que entre autres, la Cnas, Caisse militaire ou avec des sociétés comme Sonatrach et Naftal et des ministères à l'image de la justice, la jeunesse et les sports (DJS), etc.», a révélé à El Watan Amar Taoutaou, membre de la fédération nationale commerce et tourisme, en poste au complexe Chellala. «Les bains ont été interdits à l'exploitation, à l'instar des salles des fêtes et autres lieux depuis le 12 mars 2020 sur arrêté du wali. La reprise s'est faite suite à une directive du groupe HTT. Une reprise timide depuis le mois d'octobre passé avec un taux de fréquentation de 10 à 12 %», précise notre interlocuteur. Et de conclure : «Nous accueillons depuis la reprise 20 à 25 curistes par jour, alors qu'en temps normal, nous prenions en charge 350 à 400 patients /jour, dont la plupart sont du 3e âge. Bien que l'hôtel est resté ouvert aux clients, la fermeture des bains ainsi que la restauration n'a pas incité les gens à venir». En effet, que va venir faire un curiste dans un l'hôtel thermal amputé de sa principale vocation. Par ailleurs cette situation est confirmée par Majda Zenadi, directrice du tourisme de la wilaya de Guelma. Et les chiffres ont encore parlé. «Il y a eu, en effet, une régression significative. L'affluence des curistes auprès des bains traditionnels et des stations thermales est passée de 264 993 curistes en 2018 à 292 252 en 2019 pour régresser à 94 162 durant l'année 2020», poursuit notre interlocutrice. Quant à la prise en charge des primes dédiées à l'impact de la Covid-19 sur les employés et employeurs du secteur du tourisme à Guelma, la directrice précise : «La prise en charge des employeurs à savoir ceux détenteurs d'un registre de commerce et détenteurs d'une carte d'artisan est de 2069 personnes concernées par 30 000 DA/mois. Et 2 143 employés (affiliés à la Cnas) à raison de 10 000 DA/mois». Quoi qu'il en soit, avec l'ouverture des lignes de transports interwilayas, beaucoup s'attendent à une plus grande affluence des curistes et des vacanciers d'hiver et probablement de printemps. Mais l'application des mesures barrières seront-elles au rendez-vous avec le rush habituel des années écoulées ? «Là est le grand défi !», avancent les professionnels du secteur. Les propriétaires et les locataires des bains traditionnels, collectifs et individuels, tels ceux des communes de Hammam Ouled Ali (Hammam El Beldi), Aïn Larbi (Hammam Guerfa), ou ceux de Hammam N'bails (Hammam Taher) sans omettre les bains traditionnels de la commune de Hammam Debagh (Hammam Kharchiche, Hammam Ben Nadji et Hammam El Mesk Oua tine) sont les plus concernés par ce défi puisqu'ils captent la majorité écrasante des curistes à revenus moyens et modestes qui prennent la destination de Guelma. Advertisements