Depuis la suspension de la circulation du métro et du téléphérique vers Bouzaréah, des habitants de nombreuses localités vivent une véritable galère avec le transport collectif des voyageurs. Et pour cause, les lignes, peu utilisées, étaient parfois déstructurées et peu fiables. Pour se rendre, à titre d'exemple, de Ain Naadja à Alger-Centre, les usagers sont contraints de subir des dépassements flagrants en ces temps de pandémie. Les transporteurs, après une longue disette, n'hésitent pas à remplir leurs engins à ras-bord, faisant fi des moindres normes d'hygiène et de confort. Selon des habitants, après l'ouverture du métro, des transporteurs ont tout bonnement quitté cette ligne. «Un transporteur m'a dit qu'il a investi 700 millions de centimes et qu'il ne va pas épuiser son matériel en travaillant pour une recette de 1000 DA la journée», raconte un usager. Sur la ligne Ain Naadja – Bachdjerrah, apprend-on, le nombre de bus en activité avait baissé drastiquement. Les habitants de Ain Naadja qui souhaitaient se rendre au centre d'Alger avaient aussi la possibilité de prendre les bus empruntant l'autoroute traversant l'hôpital militaire, Garidi et Ruisseau. Mais avec tout le monde qui s'est rabattu sur ces bus, la tâche est loin d'être une sinécure. «Les transporteurs profitent parfois exagérément de cette situation. Ils pensent qu'à tout moment le métro va reprendre et qu'ils vont se retrouver à nouveau sans activité», raconte un autre usager, reprenant les propos d'un chauffeur de taxi. «Avant, il suffisait d'un ticket de 50 DA pour se rendre à Alger-Centre. Maintenant, si tu es pressé, il faut prendre le taxi à 250 ou 300 DA, c'est plus cher et plus long», explique notre interlocuteur, ajoutant que les «taxieurs ne nous laissent même pas rouspéter au sujet des tarifs, ils sont les premiers à râler au préteste que cette ligne est momentanée et est appelée à disparaître à la reprise du métro». La situation est la même à Bouzaréah où un beau rêve s'est transformée brusquement en cauchemar. Des usagers sont nombreux à affirmer que l'ouverture puis la fermeture des télécabines ont complètement chamboulé leur vie. «Ce n'est plus la même chose, dans les bus, c'est la longue attente et beaucoup de temps perdu», témoigne un résident de Bouzaréah. «Lorsque le téléphérique était opérationnel, il y avait moins de clients, donc moins de transporteurs. Et du jour au lendemain, c'est tout le monde qui leur court derrière», raconte, dépité, un autre habitant, précisant qu'aux heures de pointe ou celles creuses de la journée les clients sont pénalisés. «N'était la saturation du bus avec le risque de contamination à la Covid, c'est l'interminable attente pour que le bus démarre». Changement d'habitudes En conséquence, des pères et mères de famille ont changé les horaires de réveil le matin, ont dû trouver de nouvelles gardes pour les enfants, leur récupération à la sortie de l'école, tout en s'arrangeant à ne pas arriver en retard au travail. Ils affirment préférer que ce moyen de transport n'ait jamais été inauguré pour qu'en fin de compte il soit suspendu. «Le téléphérique dessert de véritables zones d'ombre, c'était une bouffée d'oxygène pour toute une localité, que l'on a décidé de couper, du jour au lendemain, sans donner la moindre explication», assène un autre citoyen. Des habitants de bien de quartiers desservis par ces deux moyens de transport modernes souffrent le martyre depuis qu'ils ne sont plus en service. De nombreux simples travailleurs et jeunes couples ayant fait le choix de louer loin du centre d'Alger, sur l'itinéraire du métro et du téléphérique, ne savent plus à quel saint se vouer et voient leurs calculs complètement faussés. Advertisements