Concernant le bilan déficitaire de l'entreprise, le syndicat endosse la responsabilité au ralentissement dans les approvisionnements en moyens de conditionnement ayant contribué à la baisse de la production. Une centaine de représentants des travailleurs des unités de l'Office national de commercialisation des produits viti-vinicoles (ONCV) ont observé, hier, un sit-in au niveau de la direction générale de l'entreprise, à Alger. Chapeautée par le syndicat UGTA de l'entreprise, cette action a pour objectif de «rappeler à l'ordre les pouvoirs publics quant à l'urgence de prendre en considération cette filière et la prise en charge des revendications socioprofessionnelles de près de 1000 travailleurs». Les travailleurs de plusieurs unités de l'ONCV sont en grève illimitée depuis 17 jours. La saison des vendanges qui débutera à la mi-août est sérieusement compromise. Selon le syndicat, la grève est largement suivie. Les syndicalistes dénoncent «la violation» de plusieurs dispositions de la convention de branches régissant le secteur agroalimentaire. «Nous avons été privés de la prime de bénéfice pour l'année 2012. La mauvaise gestion de l'entreprise est derrière son bilan déficitaire qui est présenté par la direction comme étant la cause de la non-attribution de cette prime», accuse M. Benouhlima, secrétaire général du syndicat. Les travailleurs, qui se sont regroupés sous une surveillance policière assez marquée, estiment qu'«il y a une volonté de casser l'ONCV». Une occasion pour les représentants des travailleurs de pointer du doigt des défaillances en matière de «gestion et de stratégie commerciale» qui nécessite, selon l'UGTA, «un plan de redressement». Concernant le bilan déficitaire de l'entreprise, le syndicat en endosse la responsabilité «le ralentissement dans les approvisionnements en moyens de conditionnement ayant contribué à la baisse de la production». Il s'agit aussi, selon les représentants des travailleurs, de «l'arrêt des investissements dans l'acquisition de moyens de production, notamment en période de préparation de la campagne de vendanges et de vinification». Le financement d'investissements externes à l'entreprise – tels que les fermes de pomme de terre et autres investissements pour lesquels l'ONCV aurait dépensé 400 milliards de centimes – a suscité également l'indignation des syndicalistes, qui estiment que ces sorties d'argent «ne profitent pas à l'entreprise qui est déjà en situation déficitaire». Le syndicat dénonce aussi des campagnes de «déstabilisation de syndicalistes» et des méthodes de répression consistant en ponctions sur salaire. Vengeance La direction de l'ONCV a rejeté les accusations des syndicalistes. M. Belmiloud, directeur général de l'ONCV, explique que «les négociations avec le syndicat n'ont jamais eu lieu. Le syndicat n'a jamais daigné se présenter aux réunions de conciliation à l'invitation de la direction». Pour la direction générale, les points inclus dans la plateforme de revendications ne sont pas du ressort de la direction générale. Concernant la convention de branches et l'application des dispositions liées au régime indemnitaires, cela «dépasse les prérogatives de la direction générale puisqu'elles sont négociées entre le ministère et l'UGTA». M. Belmiloud estime que l'action de protestation est injustifiée : «Le syndicat réagit plutôt aux mesures prises par la direction générale consistant à réduire les dépenses injustifiés (factures, avantages) et dont certains syndicalistes tirent profit. La direction de l'ONCV a touché à certains privilèges personnels.» Le directeur général explique que le déficit de l'entreprise est hérité de l'ancienne équipe dirigeante. M. Belmiloud défend son bilan et nie avoir ordonné des ponctions sur salaire. «Nous avons saisi la justice pour illégalité de la grève. Nous n'avons pas encore eu de réponse, c'est à ce moment-là que la loi 90-11 régissant les conflits sociaux sera appliquée», explique pour sa part M. Hattou, président de la Société de valorisation des produits agricoles du terroir, présidant l'ONCV. Selon M. Hattou, l'ONCV «commence à reprendre sa forme». Pour les fonds injectés à l'extérieur, M. Hattou explique que c'est «une décision validée par le Conseil des participations de l'Etat (CPE) qui décide des placements des investissements de ses différentes filiales, dont l'ONCV».