Alors que le besoin d'économies est de plus en plus pressant compte tenu de la situation budgétaire tendue, quelque chose ne tournait pas rond dans le mécanisme de rationalisation mis en place par l'Etat à la mi-2015. Les statistiques du commerce extérieur, diffusées hier par les Douanes algériennes, ne confirment point l'efficacité des mesures dites de rationalisation des importations. Comparée à la valeur enregistrée de janvier à juin 2016 (23,89 milliards de dollars), la facture des importations à l'issue du premier semestre de l'année en cours se chiffre à 22,986 milliards de dollars, marquant ainsi une infime diminution de 904 millions de dollars. La rouille a-t-elle fini par gripper le mécanisme des licences censé contingenter les importations ? A analyser froidement, la contribution des restrictions administratives et bancaires à la baisse des importations a été nulle. Alors que le besoin d'économies est de plus en plus pressant compte tenu de la situation budgétaire tendue, quelque chose ne tournait pas rond dans le mécanisme de rationalisation mis en place par l'Etat à la mi-2015. Au chapitre des importations, d'autres variations continuent de susciter à la fois la curiosité et le doute. En effet, à l'heure où les importations depuis plusieurs pays de la zone euro enregistraient d'importantes baisses (-27,73% depuis la France, -34,83% depuis l'Italie et -21,8% depuis l'Espagne), les importations de provenance de Chine ne semblent souffrir d'aucun écueil, bondissant de +8,82% au premier semestre de l'année en cours. Elles ont totalisé 4,59 milliards de dollars à juin 2017. La Chine accapare ainsi elle seule près de 20% des importations globales algériennes entre janvier et juin de l'actuel exercice, à l'heure où le discours ambiant fait la part belle à l'impératif de lutter contre les importations inessentielles et ne répondant pas aux standards de qualité. La Chine nullement affectée Selon certaines explications, il y aurait une volonté de réduire les importations en provenance de la zone euro, ce qui expliquerait en partie la nouvelle dépréciation du dinar face à la monnaie unique. Cependant, les importations depuis la Chine, payées essentiellement en dollar, évoluent crescendo depuis maintenant plusieurs années, propulsant l'Empire du Milieu au point culminant de la pyramide des principaux fournisseurs de l'Algérie. Une variation qui fait grincer des dents certains, n'y voyant aucun retour sur investissement. Sous d'autres cieux, au Maroc à titre d'exemple, la Chine vient d'investir 10 milliards de dollars dans une ville industrielle dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma. En définitive, au rythme où vont les choses, il est peu probable que l'objectif de 10 milliards de dollars d'économies puisse être réalisé au titre de l'actuel exercice, selon les prévisions initialement établies par le gouvernement. La note positive de la livraison statistique des Douanes est que les exportations d'hydrocarbures ont bondi de 38,32% durant les six premiers mois de l'année, correspondant à une augmentation de 4,76 milliards de dollars. Elles ont ainsi totalisé 17,19 milliards de dollars durant le premier semestre 2017 contre 12,43 milliards de dollars à la même période de l'exercice 2016.