Explications du phénomène Dans le contexte du bassin méditerranéen, l'Algérie est l'un des pays où le problème des feux de forêt se pose avec acuité par son impact dévastateur : si en valeur absolue les superficies brûlées restent relativement modestes au regard d'autres pays du pourtour méditerranéen, la rareté des forêts et les menaces de désertification font que ces incendies ont un impact particulièrement désastreux. L'Algérie ne possède, en effet, que 4,1 millions d'hectares de forêt, soit un taux de boisement de 1,76%. Or, la fréquence rapprochée des incendies qui se suivent avec un intervalle de retour de moins de 10 ans a un impact catastrophique sur le plan écologique. La forêt algérienne est soumise à un ensemble de facteurs de perturbation auxquels elle doit faire face en permanence. La première cause majeure de sa régression est l'incendie. D'autres facteurs de dégradation sont liés à la pauvreté du monde rural, qui induit le surpâturage, les coupes illicites et l'extension des terrains cultivés à la lisière des forêts. Des enquêtes qualitatives sur les causes avec différents acteurs et différentes échelles géographiques révèlent que les incendies résultent essentiellement de causes anthropiques et volontaires : les feux pastoraux pour le renouvellement des pâturages, l'incinération des décharges non contrôlées, les changements d'utilisation des terres et la collecte de miel. Les feux de négligence sont représentés dans l'ordre par les jets de mégots de cigarettes, les travaux agricoles (brûlage après nettoiement, brûlage des chaumes), la reprise d'incendie et les activités forestières dans la forêt. En synthèse, les résultats montrent que le feu représente une solution préférentielle, qui résout à court terme les problèmes, tels que le renouvellement de l'herbe, le défrichement pour la récupération des terres pour l'agriculture ou pour l'urbanisation, etc. Evaluation des dégâts Les feux de forêt sont très coûteux, tant au niveau des moyens humains mis en œuvre que des conséquences environnementales et économiques, les dégâts en résultant présentent des conséquences très néfastes. Pour avoir la valeur financière des dégâts, il faut quantifier les différents paramètres des services écosystémiques qui sont endommagés par les incendies de forêt : dommages causés sur les produits ligneux sans valeur commerciale ; dommages des produits ligneux avec valeur commerciale ; évaluation des pertes sur les fruits et les huiles essentielles ; évaluation des pertes en pâturage et chasse ; perte en valeurs de protection et perte en valeurs récréatives. Actuellement, les dégâts sont estimés par la Direction générale des forêts (DGF) sur les produits ligneux avec valeur commerciale (le bois et liège) seulement. Stratégie à suivre - Elaborer un plan national de gestion des incendies (diagnostic, orientations, plans d'action) comme tous les autres pays du bassin méditerranéen - Réviser la législation actuelle (loi 84-12). - Constituer un laboratoire national dédié aux incendies de forêt. - Etablir la prévision quotidienne du danger d'incendie. - Former des équipes mixtes (forestiers, pompiers, gendarmes, etc.) aux techniques de recherche des causes des incendies. - Former des équipes au retour d'expérience sur l'alerte, la première intervention et l'utilisation de l'équipement de terrain. - Sensibilisation et éducation de la société civile au respect de la nature et de l'environnement afin de réduire certaines causes involontaires (accidents et négligences). - Campagnes de sensibilisation ciblées sur le thème des décharges sauvages et de l'emploi inadapté du feu. - Débroussaillement obligatoire autour des biens et des installations