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Dis que t'as tort, Le nouveau spectacle de Ahmed Rezzak
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Publié dans El Watan le 15 - 12 - 2017

Il veut réussir dans la vie et devenir leader dans une société d'égocentristes. Il s'appelle Salah Ben Sayad et il est issu d'une famille «bizarre». C'est le nouveau monologue écrit et mis en scène par Ahmed Rezzak. Intitulé Dis que t'as tort, il sera interprété par le comédien Chaker Boulemdaïs, et présenté devant le public du TNA, en janvier. El Watan Week-end a vu le spectacle en exclusivité pour vous.
Mostaganem, Meziane Abane
[email protected]
Après le succès qu'ont connu Torchaka et Kechrouda, les deux pièces théâtrales écrites et réalisées par le metteur en scène, comédien et scénographe, Ahmed Rezzak, ce dernier revient avec un autre spectacle et propose, cette fois-ci, un monologue qu'il compte présenter, en janvier prochain, au Théâtre national algérien (TNA). Intitulé Dis que t'as tort, ce nouveau projet est, en réalité, une reproduction retouchée de son monologue Ezzaim (Le Caïd), incarné par lui durant les années 1990.
Mais Dis que t'as tort sera interprété, pour le coup, non pas par Ahmed Rezzak mais par le jeune prodige, Chaker Boulemdaïs, qui fait partie aussi de l'équipe de comédiens qui ont brillé avec Torchaka. Dans ce one man show, Chaker évoque les déboires de la société algérienne et incarne l'histoire du jeune Salah Ben Sayad qui cherche à se faire une place dans sa région et imposer le respect autour de lui dans un monde d'égocentriques.
Ahmed Rezzak décortique, au fait, l'environnement dans lequel vit l'Algérien à travers les différentes phases de sa vie et pose la question de savoir si ce dernier lui permet d'évoluer ou non ? Dans le filage auquel nous avons assisté en présence du metteur en scène, Chaker, qui prépare son spectacle au théâtre de l'association El Moudja, à Mostaganem, commence par une présentation des Ben Sayad. On apprend qu'il est issu d'une famille nombreuse où les parents ne font qu'enfanter malgré la misère sociale dans laquelle ils vivent. Son père Lemnouar, ouvrier de la commune, ne pense qu'à se multiplier dans l'espoir de voir l'un de ses enfants réussir un jour ses études, se faire embaucher par Air Algérie afin de lui permettre de voyager gratuitement et accomplir son devoir de pèlerin à La Mecque.
Lassé, Salah ne supporte plus le fait d'avoir de nouveaux frères et sœurs chaque année. Il est tellement embarrassé qu'il appelle sa mère, Nouara, pop-corn, le fait qu'elle refuse la contraception. Sujet tabou mais pas que. Il a l'impression que ses parents ne savent même pas ce que c'est et à quoi elle peut servir ?
Tabous
Cousins à la base, à cause de la consanguinité, les parents de Salah n'ont réussi à avoir que des enfants souffrants de handicap physique. De plus, hormis les filles, aucun des garçons n'a réussi ses études. Enfin pas toutes, car Lemnouar a interdit l'école à l'une d'elles lorsque son enseignant s'est trompé de mention dans son bulletin.
Au lieu d'écrire «bonne» note, ce dernier a mis «belle» note, ce qui a alimenté tous les doutes les plus pervers de Lemnouar qui a obligé sa fille à quitter définitivement les bancs de l'école. Ce n'est pas tout, car le critère de beauté a fait aussi défaut à ses sœurs qui sont mariées à des hommes non instruits. Ces derniers ont fait d'elles, pourtant toutes diplômées, des femmes au foyer, tout comme l'est sa mère dont il critique le statut qui la réduit à une faiseuse d'enfants et une femme de ménage. Ahmed Rezzak nous plonge ainsi dans une famille de fous, pleine de tabous où la parole n'est permise qu'au père que Salah qualifie de dictateur.
Pour revenir à Salah, il se présente comme le seul beau parmi ses frères et le seul à avoir eu son bac, ce qui fait de lui la cible et le seul à devoir endosser la responsabilité de répondre aux attentes de ses proches, notamment son père. Salah n'en peut plus, car Lemnouar veut qu'il devienne pilote et sa mère, elle, souhaite qu'il finisse champêtre.
Agacé par l'anarchie qui règne au sein de sa famille, qui n'a ni savoir- vivre ni perspective de vie et par les jugements moqueurs des gens de sa commune, il décide de faire cavalier seul, de se battre pour réussir et s'imposer dans sa société. Il souhaite se faire respecter, vénérer et même idolâtrer afin de faire oublier aux gens l'image de «raté» qu'ils ont de lui et de sa famille. Ce sentiment devient tellement une obsession chez lui qu'il finit par vouloir être un dictateur, ce monsieur que tout le monde craint et devant qui, personne n'ose ouvrir la bouche.

Imam
Salah décide donc de se lancer dans la politique. Il s'entraîne et improvise des discours devant le regard amoureux de sa voisine Kheïra. Mais il ne se laisse pas faire. Car malgré l'affection qu'il lui porte, il ne montre aucune faiblesse devant elle. «Salah est fort de caractère et n'est faible devant personne», scande-t-il à voix haute pour que tous ses voisins l'entendent. Il tente de reproduire les discours de Gaddafi, Boumediène, Chadli et tous les présidents qui les ont succédés. Salah a même eu une première revendication, celle d'alimenter les foyers en électricité, mettre la lumière dans les maisons afin d'empêcher les parents de se retrouver la nuit dans le noir.
Tout comme le revendique son personnage Zeroual : «Il faut diminuer la démographie», unique solution trouvée par Salah afin de faire face aux problèmes économiques que vivent les familles dans sa région. Pour entrer dans les choses sérieuses, Salah tente alors sa première expérience chez les démocrates. Tous francophones, la langue lui fait déjà défaut, mais il n'abdique pas et continue à se battre afin de se faire une place. Après plusieurs va-et-vient, Salah se rend compte qu'il ne sert enfin qu'à applaudir le vrai leader au milieu de cette foule déchaînée.
De plus, il aurait bien aimé être à sa place. Furieux, il enclenche un débat avec le responsable du parti et lui demande d'alterner les rôles comme l'exige la démocratie. Sa demande a, malheureusement, essuyé un refus catégorique qui le pousse, cette fois-ci, à quitter les démocrates et chercher sa place dans le camp opposé, chez les islamistes. Au fil du temps, Salah change d'habitudes et d'effets vestimentaires. Il découvre les halaqat (les cercles) et devient ce barbu, qui ne parle qu'en arabe et ne met que des djellabas et des gandouras.
Surexploité, il passe son temps à ramasser les cotisations pour l'imam polygame. Tantôt pour construire une mosquée, tantôt pour financer la circoncision du fils de l'imam et même les mariages de ce dernier, puisqu'il a droit à quatre femmes. Salah n'est même pas marié. Les femmes, elles, ne lui sont promises qu'une fois arrivé au paradis après sa mort. Révolté, il part voir l'imam et lui dit : «Moi aussi, je veux vivre ma vie ici et profiter du paradis après ma mort.» Giflé par l'imam, Salah décide de s'en aller. Mais où ? Aucun mouvement ne le laisse percer et aucun ne parle de lui encore, jusqu'au jour où il découvre qu'une partie de l'argent de l'imam va en réalité aux terroristes, qui sont les vrais chefs, dont tout le monde parle et que tout le monde craint. Il tente alors l'expérience du terrorisme.
Prison
Salah, qui s'est donné le nom de Salah Baqqa, cette fois-ci, décide de prendre les armes. Sauf qu'il s'est planté au-dessus d'un figuier pendant des jours et des semaines sans que personne ne l'aperçoive ou ne lui prête attention. Il demande donc aux gens d'alerter les services de sécurité sur sa présence, en vain. Personne n'est venu le chercher. Son plan de faire le tour des médias a donc échoué. «Le grand Salah Baqqa est enfin intercepté par les services de sécurité», songe-t-il de lire un jour ce titre sur la une des journaux. Découragé, il décide d'aller se rendre de son propre gré à la police. Arrivé devant un commissariat, des policiers lui demandent de rentrer chez lui et l'informent que tous les terroristes ont bénéficié d'une amnistie générale.
Dégoûté, il se rend à l'armée, pensant que ces derniers ne laisseront jamais partir un terroriste sans le juger. Effectivement, ces derniers l'accueillent dans leur caserne, l'obligent à répondre à un questionnaire puis le prennent en photo. Pensant que l'instant tant attendu est enfin là, et au moment où il attendait l'arrivée des médias, des militaires l'appellent, lui délivrent sa carte militaire et le laissent partir bredouille. Désemparé, Salah ne sait plus quoi faire, lui qui a vu son rêve de se faire connaître et de devenir dictateur s'évaporer. Toutes ses tentatives ont échoué.
Déçu, il décide donc d'accepter son destin et d'avoir les pieds sur terre. Il revient chez lui et cherche un travail à la mairie, comme l'était son père. Ces derniers l'acceptent et lui donnent la tâche de déboucher les canalisations d'assainissement. Salah pourra enfin se sentir utile. Alors que quelqu'un l'a prévenu : «Le projet en question est pris par des étrangers qui devaient arriver dans quelques jours afin de l'entamer.» Comment faire ? Les habitants attendent et s'impatientent. Salah décide de le régler tout seul et réussit à restaurer les canalisations, ce qui lui a valu tous les honneurs. Il a été même accueilli comme un chef et héros par tous les habitants de sa commune. Kheïra, sa dulcinée, était aussi là avec son regard d'amoureuse, toute fière de voir l'homme de ses rêves acclamé par la foule.
Et au moment où tout le monde attendait sa prise de parole, des hommes moustachus et habillés en noir l'ont soulevé. Sauf que ces derniers ne l'ont pas fait pour l'honorer, mais pour le conduire en prison. Ici, s'achève le rêve de Salah qui pense avoir tout perdu, même l'amour de Kheïra, à qui il n'a pas su exprimer ses sentiments au moment voulu. Quelques jours plus tard, il apprend qu'il est, officiellement, poursuivi pour «destruction des biens publics», pour avoir réparé les canalisations et officieusement, pour avoir «touché à des intérêts de gens bien placés».


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