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«Il faut ouvrir le marché du renouvelable à tous les opérateurs» Noureddine Yasaa. Directeur général du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER)
Que signifie exactement le concept «transition énergétique» ? La transition énergétique est un concept qui a été lancé lorsque les scientifiques ont découvert que les émissions de carbone ont un impact négatif sur le réchauffement climatique. Les rapports des scientifiques insistent sur la nécessité de passer, aujourd'hui, à un nouveau modèle énergétique devant être à la fois sobre en ressources et sobre en carbone, c'est-à-dire propres et renouvelables. Cette transition ne concerne pas uniquement le domaine des énergies, mais aussi celui des transports, le bâtiment, l'agriculture et autres. Toutefois, il ne s'agit pas d'une question technique seulement, en ce sens qu'il faut jouer aussi sur l'aspect comportemental pour que la société accepte cette transition en rationalisant sa consommation et en évitant le gaspillage. Aussi, la transition énergétique a pris actuellement une connotation économique du fait que le coût des technologies du renouvelable a fortement baissé, ce qui a conduit à une sorte de démocratisation de l'accès à cette source d'énergie propre. Qu'en est-il pour l'Algérie ? Tous les rapports et les bilans établis parlent de forte consommation énergétique interne et d'une forte croissance de la demande, de l'ordre de 8 à 10% chaque année. Si nous continuons avec cette tendance de consommation, il viendra un jour où même les ressources fossiles disponibles ne suffiront pas pour couvrir les besoins internes, encore moins pour dégager des volumes à l'export. Le passage aux ressources énergétiques alternatives n'est plus un choix, mais un impératif pour allonger notre sécurité énergétique et développer les autres secteurs économiques. C'est la raison pour laquelle il faut opter pour la conversion de l'énergie solaire, qui est très abondante, en énergie électrique, c'est-à-dire passer de l'extraction du pétrole du sous-sol à la conversion de l'énergie solaire sur le sol. Avons-nous les moyens humains, matériels et financiers nécessaires pour procéder à cette conversion ? Oui, la ressource humaine existe. Toutes nos universités forment des étudiants qui obtiennent des masters et des doctorats dans ce domaine. Depuis quelques années, les centres de formation professionnelle ont intégré le renouvelable dans les spécialités proposées aux apprenants. Toutes ces compétences n'attendent que l'occasion de participer à cette démarche de transition énergétique. Quant à l'aspect financier, tous les organismes nationaux ou internationaux disent que le renouvelable est devenu compétitif avec des coûts de moins en moins chers, d'autant que la technologie est maintenant universelle et n'est plus détenue par une seule nation, charge à nous de se l'approprier et de la mettre à contribution dans les programmes et les projets à lancer. Justement, un programme de développement des énergies renouvelables a été lancé en 2011 par les pouvoirs publics. Où en est-on dans sa réalisation ? Dans ce programme, nous avons terminé la première étape qui concerne la réalisation de projets pilotes, dans la filière photovoltaïque, la filière thermique et l'éolienne. Pas moins de 22 centrales ont été réalisées. Il faudrait maintenant accélérer la cadence, ouvrir le marché, donner toutes les incitations nécessaires et ouvrir le champ à tous les opérateurs, publics et privés, qui veulent investir dans l'énergie renouvelable. Même le citoyen lambda devrait pouvoir investir dans le résidentiel pour produire de l'électricité qu'il consomme, à l'instar de ce qui se fait dans d'autres pays où l'on développe actuellement le concept de la «pro-consommation».