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Une « traversée du désert »... à 2.870 m d'altitude
Randonnée de la protection civile dans le hoggar
Publié dans Horizons le 28 - 11 - 2015

L'objectif de la randonnée pédestre des sapeurs-pompiers à Tamanrasset est de tester l'endurance et le degré de résistance des éléments de ce corps constitué et participer à la promotion du tourisme domestique, en perte de vitesse, en mettant en relief le potentiel touristique riche et varié de la région. 19 novembre. 7h30. Ambiance inhabituelle à la maison des jeunes Houari-Boumediène du centre-ville de Tamanrasset. Une foule nombreuse occupe la place. La plupart sont des éléments de la Protection civile. Ils sont là depuis une demi-heure. Il fait frais. Le soleil n'a pas encore lâché sa fournaise. Le bon moment pour entamer la traversée.
Un quadragénaire au visage fermé, costume-cravate, est sur le qui-vive. Il organise la circulation d'une main de fer. Il demande aux automobilistes de circuler, aux badauds de ne pas s'arrêter. Renseignement pris, le wali est attendu d'un moment à l'autre. C'est lui qui donnera le coup d'envoi officiel de cette activité. En attendant, la place fait la fête. Curieux de savoir de quoi il s'agit, un habitant du quartier interroge un agent de la Protection civile : « Khouya, pourquoi cette foule ? » Le pompier lui explique qu'il s'agit d'une marche vers l'Assekrem. L'homme lui répond : « C'est une belle initiative mais l'Assekrem est un endroit où il fait très froid en ce moment. Je vous souhaite bon courage », lance-t-il. 8h00. Le premier magistrat de Tamanrasset est arrivé. Il a été accueilli par la délégation des pompiers. Ces derniers lui expliquent l'objectif de l'activité et les étapes de son déroulement. Attentif, le wali s'est dit ravi. Pour lui, c'est la meilleure manière d'encourager le tourisme domestique. Il insiste sur le potentiel touristique énorme de la wilaya qui mérite d'être visité.
« Ya Sidi L'wali aatina départ ! »
Entre-temps, les randonneurs sont impatients d'entamer l'aventure. « Ya Sidi L'wali aatina départ », entonnent-ils. Leur vœu est exhaussé, une demi-heure plus tard. C'est parti pour la première étape : Tamanrasset-Izarnen sur une distance de 33 km.
Une ambiance de fête. Des marcheurs brandissent le drapeau algérien. Sac à dos, gourde, appareil photo, gourmandises, lunettes de soleil, crèmes solaires, lampe de poche, les athlètes donnent l'air de prendre très au sérieux la marche. Des voitures de la Protection civile accompagnent la procession afin de parer à toute mauvaise surprise. Prudence est mère de sûreté. Visages entièrement recouverts d'un voile. Seuls les yeux sont visibles. Ils enroulent sur leurs têtes une bande de tissu de plusieurs mètres de longueur. Ils portent des sandales de cuir très résistantes. Eux, ce sont les guides. Ils sont cinq. Ils sont là pour orienter les randonneurs. Le convoi s'ébranle et déjà s'éparpille entre ceux qui démarrent sur les « chapeaux de roues » et ceux qui préfèrent marcher. Au fil des kilomètres avalés, les sprinteurs de la Protection civile prennent déjà les commandes. « On dirait que ce n'est pas une marche, mais une course », commente un civil. « Ce n'est pas grave, l'essentiel est de ne pas abandonner et d'aller jusqu'au bout », répond un autre athlète. La traversée se déroule sous l'œil vigilant des éléments de la gendarmerie, véritables anges gardiens des marcheurs. Leur présence rassure. Il fait toujours frais, ce qui fait oublier la distance à parcourir. Aucun abandon, aucun souci physique. Les participants donnent l'impression qu'ils maîtrisent leur sujet ou... presque !
Tous les moyens sont bons !
Prétextant la fatigue, des coureuses commettent l'imprudence de monter dans les voitures. Pour elles, il faut à tout prix gagner quelques kilomètres et peu importe la manière. Peine perdue ! Ce geste n'est pas passé sans commentaire. « Poules mouillées ! », leur lance une collègue. « Moi aussi, je suis fatiguée. Mais je dois continuer la marche. Une sportive doit avoir l'esprit sportif », ajoute-t-elle. Critiquées, touchées dans leur amour-propre, les « tricheuses » décident de reprendre la marche, et cette fois-ci elles ne peuvent compter que sur leurs jambes. Peu à peu, les rayons de soleil irradient tous les paysages. La température grimpe. Les marcheurs ont eu droit à un déjeuner au niveau de l'Oued Adouda. Un repas froid leur est distribué. Bien sûr, ce n'est pas tout le monde qui est satisfait. « Ils auraient pu améliorer la qualité des repas. Nous sommes des sportifs. Ce n'est pas avec du thon et du formage en portion qu'on peut récupérer nos forces », regrette un athlète. Son ami lui fait savoir qu'il ne faut pas espérer mieux : « Nous sommes dans le désert », a-t-il dit. Précision : en matière de restauration, un self-service au petit déjeuner. Cela consiste à mettre à la disposition du groupe de l'eau bien chaude dans de gros thermos de 20 litres, ce qui permet à chaque participant de confectionner sa propre boisson matinale. Un repas froid est offert pour le midi. Quant au diner, il consiste en une soupe suivie, de préférence, d'un plat à base de pâtes pour donner aux marcheurs un maximum de sucres lents et du fromage en portion. Le dessert, lui, est invariable : des dattes.
Le moment de la pause est une occasion pour s‘approcher des randonneurs. Que pensent-ils de la marche et de la distance parcourue ? Sapeur-pompier, Youcef est un jeune de 25 ans. Il est natif de M'sila. Il estime que l'itinéraire est abordable. Il a une autre motivation. « C'est ma première visite à Tamanrasset. Ce sont les paysages magnifiques de la région qui m'intéressent le plus. J'ai pris des photos pour éterniser ce beau déplacement », indique-t-il. Les yeux brûlés, les lèvres gercées, Hakima, contrairement à Youcef, estime que le parcours est long et difficile. A 75 ans, Ahmed garde intacte sa forme. Son secret ? « C'est une question d'esprit et de santé. Nous avons une santé, il suffit de la réguler », résume-t-il. Ahmed n'arrive pas parmi les premiers mais il n'a pas abandonné la marche. Il se permet même le luxe de taquiner les jeunes athlètes qui de temps à autre tentent de tricher en s'embarquant dans les voitures... « Jeunes, dites-vous ? », lance-t-il. La pause n'est pas consacrée uniquement au déjeuner. Bien au contraire, les coureurs profitent de cette halte pour se distraire. L'animation est assurée par Nacer, ancien athlète professionnel et fondateur de l'association Sport de Bouchaoui. C'est ici à Adouda que le ton est donné de ce que sera l'ambiance de la soirée. Elle s'annonce animée. En attendant, place à la deuxième manche. « Athlètes, préparez-vous ! », ordonne un agent de la Protection civile à l'aide d'un mégaphone. Deux minutes après, la marche reprend ses droits. Auparavant, un guide prend la parole : « Nous sommes cinq guides. Nous sommes tous à votre service. Je vous demande seulement de nous suivre. C'est important pour la bonne gestion de la marche. » 15h40. Les marcheurs sont arrivés au niveau d'Azernan. Le bivouac. Une vingtaine de tentes sont dressées. Pour le couchage, un matelas et une couverture par personne sont distribués. Un cuisinier et son équipe sont à pied d'œuvre pour préparer le diner. Les marcheurs se reposent, après un long parcours. L'animation est également au rendez-vous. Une soirée musicale est organisée. Les coureurs se sont amusés et trémoussés pendant deux heures au rythme des chansons locales et celles tirées de notre patrimoine musical. L'ambiance est festive. Les athlètes ont chanté. Ils se sont bien amusés. Tant mieux pour eux ! La prochaine étape ne sera pas une rigolade.
La nature vend cher sa « beauté »...
Nous y sommes. Le second circuit : Izarnen-Afilal. Les marcheurs doivent parcourir une distance de 28 km en une journée. Le colonel Brouri avertit : « La piste s'annonce extrêmement difficile. Il faut s'armer de courage et de patience. Les véhicules ne peuvent pas vous accompagner. Le terrain est fortement accidenté. Vous allez marcher seuls. C'est pourquoi je vous demande d'évoluer en groupes et de suivre les guides. Aucun participant ne doit s'aventurer seul. Le risque de se perdre est grand. » Consolation : le cours d'eau d'Afilal renferme une végétation riche et diversifiée. Le site ne laisse personne indifférent. « Je n'ai jamais imaginé une telle beauté naturelle. L'endroit est paradisiaque. Je me demande pourquoi les Algériens préfèrent aller ailleurs alors que nous avons les meilleurs endroits touristiques du monde. C'est regrettable qu'un site pareil n'attire pas des touristes », lâche un agent de la Protection civile, charmé par Dame nature et ses paysages. De véritables chefs-d'œuvre à ciel ouvert. Mais la beauté de l'endroit, une merveille naturelle à admirer sans modération, vend cher sa peau. Le sentier a donné du fil à retordre aux marcheurs. Ils trouvent toutes les peines du monde à aller jusqu'au bout, notamment les 10 premiers kilomètres. Originaire de Guelma, Imad reconnaît la difficulté du parcours. « Je suis venu participer sans avoir la moindre information sur les exigences de ce sport. Je suis un vétéran. J'ai pris part à plusieurs courses et marathons au niveau national. J'avoue que la randonnée est une activité spécifique qui n'a rien à voir avec les autres disciplines. J'ai trouvé des difficultés durant le parcours. L'itinéraire est pénible et demande des capacités d'endurance plus élevées », souffle-t-il. Sa cheville lui fait très mal. Rien de grave, lui signale le médecin. Le natif de Guelma peut reprendre la marche. Conscient de ses capacités physiques, Imad décide de se reposer ce soir. « Je ne veux pas compliquer mon cas pour pouvoir courir le lendemain. C'est la dernière étape, pour rien au monde je ne veux la rater », lance-t-il. L'infirmière n'a pas chômé. De nombreux blessés sont enregistrés. Les blessures sont légères (entorses, contractures musculaires, petites lésions). N'empêche, les blessés sont transportés en brancard pour être soignés. Le comité d'organisation a eu l'idée d'adjoindre des chameaux pour pallier l'absence de véhicules. Autre mésaventure : plusieurs marcheurs se sont perdus lors de cette étape. Des agents de la Protection civile et les guides rebroussent chemin pour tenter de les repérer. « Il faut continuer à chercher », ordonne le colonel Brouri. « Nous poursuivons les recherches. Ils sont cinq marcheurs dont un civil », lui a-t-on répondu. Les recherches se poursuivent. Quelques minutes après, la bonne nouvelle est tombée. « Ils sont sains et saufs », annonce un autre agent à son collègue. Le soulagement est visible sur les visages en sueur. Dans cette opération de recherche, le mérite revient grandement à l'équipe du lieutenant Bernaoui Nassim qui a fait preuve de patience en continuant la recherche jusqu'au bout. « Nous avons ratissé presque tout le sentier pour les repérer. Dieu merci, ils sont là », annonce l'officier
On taquine aussi
Les retardataires ont droit à un accueil particulier de la part de leurs collègues. « Talaa el badro aalayna » (La pleine lune s'est levée sur nous), taquinent-ils.
La pause a duré presque deux heures. Les marcheurs se préparent maintenant pour entamer les 15 kilomètres restants. Les blessés sont transportés en voiture jusqu'au campement installé à Tizouyag, un terrain plat à perte de vue. C'est là que les marcheurs passeront leur nuit à la belle étoile. Les randonneurs ne se sont pas rendu compte de ce qu'il les attend cette nuit. Tizouyag est connu pour être un endroit extrêmement froid, particulièrement en cette période. Et même si les marcheurs ont une idée de la rudesse du climat, ils ne l'ont jamais vécu. A Tizouyag, ils l'ont vérifié à leurs dépens. Juste après le coucher de soleil et avant même que la nuit ne soit complètement tombée, le vent se lève, vif et glacial. A chaque heure qui passe, le thermomètre descend. La peau est mise à rude épreuve. Ni le repas chaud qui est offert ni le feu allumé n'ont soulagé les cœurs et les corps des campeurs. Il fait au moins quatre degrés. Cette nuit reste et restera gravée à jamais dans leur mémoire, le pire cauchemar. Les couvertures sont toutes recouvertes d'une pellicule de givre. Au lever du jour, c'est tout le monde qui en parle. « Il a fait froid. Je pense retourner ce soir à Tamanrasset. Je n'en peux plus. A l'Assekrem, il fera trois fois plus froid qu'ici. Alors il vaut mieux rentrer maintenant », se plaint un athlète. Un autre ajoute : « Dhasemidh ! Nous sommes gelés... Bezef. »
Heureusement... l'Assekrem
Troisième et dernière étape. Le chemin de la randonnée en pleine nature prend fin à l'Assekrem. Les marcheurs s'apprêtent à lancer un ultime assaut. Il s'agit de parcourir une distance de 25 km. Maintenant que le plus dur est passé, il faut finir le boulot. Les athlètes se sont donnés à fond. Pour une première impression, s'en est vraiment une. Il règne un grand silence, lourd et sans fêlure. Un joli endroit qui inspire le respect. Véritable havre de paix avec une magnifique vue sur le plateau. La beauté de l'endroit pénètre sans aucune résistance les âmes. La motivation, c'est aussi d'assister au plus beau coucher de soleil au monde. Des minutes de pur bonheur pour les yeux. Les sapeurs-pompiers restent ébahis devant le spectacle qui s'offre à leurs yeux.
Le moment est majestueux. Les caméras des smartphones sont actionnées pour immortaliser le spectacle : le coucher de soleil s'offre à eux dans une mosaïque de couleurs. La lumière devient faible et incertaine avant que la nuit ne soit complètement tombée. Le froid aussi. Normal, l'endroit est connu pour ses températures glaciales en cette période de l'année. N'empêche, les pompiers ont organisé une soirée musicale animée par un groupe local.
Le lendemain, après avoir assisté au lever du soleil sur l'Ahaggar, les sapeurs-pompiers quittent l'Assekrem avec le sentiment du devoir accompli et surtout d'avoir joué un peu aux pionniers. Ils ont montré l'exemple. Le terrain est balisé... en attendant d'autres initiatives...


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