Le Ramadhan est à nos portes. Mois de bombance par excellence, il inquiète autant les ménages que les pouvoirs publics. Si les seconds s'attachent surtout à assurer la disponibilité des produits de large consommation, les citoyens s'inquiètent du niveau des prix. La chaleur embrasera le ciel et les étals. Il suffit de faire un tour aux marchés pour en ressentir déjà les premières flammèches. Les responsables rassurent. Le dernier en date a été Youcef Redjam Khodja, directeur central au ministère de l'Agriculture. Rien, à l'en croire, ne manquera, notamment les légumes de saison comme la tomate dont 130.000 tonnes seront mises sur le marché. La courgette (48.000 t), les haricots (11.000 t) et la laitue (26.000 t) permettront de rompre avec les pénuries cycliques qui affectent le marché. La viande, indispensable pour les ménagères, a été toujours source de déséquilibre. Le pays ne produit pas encore assez pour satisfaire la demande. En plus de la production nationale, des appoints d'importation ont été effectués, Outre la viande congelée importée, 4.000 tonnes de viande ovine congelée d'origine locale seront mises sur le marché «à un prix avoisinant les 600 DA/kilogramme», a expliqué M. Redjem. MULTIPLES INCONNUES Les termes de l'équation sont connus. Restent les inconnues, comme la maîtrise du circuit de distribution qui fausse chaque année les prévisions. Les pouvoirs publics auront recours au Syrpalac (Système de régulation des produits de large consommation) et les stocks de viande constitués pour le mois où la consommation connaît un pic inégalé. Ces efforts suffiront-ils à normaliser le marché ? La question revient chaque année. Le volume des stocks et des importations par des opérateurs publics et privés de 22.000 tonnes de viande rouge depuis janvier autorise cette fois-ci un certain optimisme. Cette prévention s'est traduite aussi par un stock de 10.000 tonnes de viande blanche, soit le double de l'année précédente, constitué en prévision du Ramadhan. Il faut tenir compte des effets néfastes aussi des fetwas de certains tartuffes à propos d'une viande dont ils condamnent la qualité à défaut de la produire. Les consommateurs se sont toujours plaints de l'absence de contrôle qui, à chaque Ramadhan, conduit à des hausses de prix vertigineuses. Les pouvoirs publics avaient raison de répliquer que les prix dans une économie de marché sont déterminés par la loi de l'offre et de la demande. Ils rappelaient aussi la mission de régulation qui semble se manifester cette fois-ci avec plus de vigueur. Le poulet congelé issu de la production locale sera cédé à un prix de 250 DA à travers 286 points de vente dans les 48 wilayas du pays. Redjam a raison de souligner qu'«il ne s'agit pas là de casser les prix, mais de réguler le marché». En augmentant de 15% les quotas de poudre de lait des transformateurs pendant le Ramadhan pour hisser la production de lait pasteurisé en sachet à 5,2 millions de litres/jour contre 4,5 millions de litres/jour d'habitude, l'Etat montre sa volonté de peser sur les prix. La parade à la cupidité et à la mauvaise foi de certains commerçants a-t-elle été enfin trouvée ?