Après l'euphorie des premiers contrats gagnés à l'international (Egypte et Qatar) pour vendre le Rafale, Dassault Aviation a admis hier que l'année 2016 s'annonçait plus difficile que prévu. Après l'euphorie des premiers contrats gagnés à l'international (Egypte et Qatar) pour vendre le Rafale, Dassault Aviation a admis hier que l'année 2016 s'annonçait plus difficile que prévu. Au premier semestre, le constructeur aéronautique affiche des résultats en ligne avec le premier semestre 2015, avec un résultat net de 185 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 1,67 milliard à comparer à 179 millions de bénéfice et un niveau d'activité identique au premier semestre de 2015. Ce résultat est obtenu en partie en rognant sur les dépenses de recherche et de développement, notamment en raison du retard de trois ans du lancement du jet d'affaires Falcon 5X. Pour l'ensemble de 2016, Dassault ne fait pas de prévisions chiffrées mais il voit désormais l'avenir en gris, notamment en raison du ralentissement du marché de l'aviation d'affaires et de la difficulté des négociations pour l'exportation du Rafale : Le marché de l'aviation d'affaires reste très difficile. Dassault n'espère plus vendre qu'une cinquantaine de Falcon cette année, contre la soixantaine espérée (55 appareils vendus en 2015). Dans un monde de plus en plus instable, le président Eric Trappier ne prédit plus de reprise rapide, d'autant que le stock d'avions d'affaires d'occasion grandit et pousse les grands du secteur à se livrer une rude bataille de prix. «On trouve des avions Gulfstream à des prix jamais imaginés», note Eric Trappier. Les difficultés du motoriste Safran à livrer les moteurs Silvercrest, le groupe a repoussé l'entrée en service de son premier Falcon 5X de 2017 à 2020, ce qui a entraîné l'annulation de 11 commandes. En revanche, les premières livraisons du nouveau jet Falcon 8Xc restent planifiées sans retard au quatrième trimestre de l'année. Du coté des avions de chasse Rafale, le retard pris par la signature du contrat en Inde oblige aussi le groupe à réviser à la baisse ses plans pour monter en puissance dans son usine de Mérignac. Le carnet de commande global, d'un montant de 13,9 milliards d'euros n'a guère changé, (87 Falcon et 76 Rafales commandés) mais il s'étale de plus en plus et il y a un certain trou d'air cette année et l'an prochain. Ainsi Dassault n'a que 9 Rafale à livrer cette année, la montée des commandes pour l'Egypte et le Qatar ne compensant pas encore la mise en veilleuse des commandes françaises. Le groupe espère plus que jamais conclure la vente de 36 Rafales à l'Inde, qui était annoncée comme imminente en début d'année. Une fois de plus, le président de Dassault Aviation a répété que la balle était dans le camp des Indiens et que pour lui, tout avait été passé en revue. Le ministre de la défense indien vient pourtant d'annoncer au Parlement un nouveau délai, sans donner de raisons précises : Au siège de Saint-Cloud, on souligne qu'il n'y a pas de panique sur les comptes, avec au premier semestre une marge nette de 11,1 %, mais le groupe va toutefois passer à nouveau en revue l'organisation industrielle pour chercher de nouvelles économies. Eric Trappier dément tout plan social mais évoque la nécessité de repenser la digitalisation du groupe, son automatisation et la spécialisation de chaque site de production. Pour l'année, Dassault prévoit un chiffre d'affaires inférieur à celui de 2015 mais compte préserver ses marges. Il sera aidé par les bonnes performances de Thales, dont il souhaite rester actionnaire «pour longtemps» : Dassault annonce une nouvelle commande du Japon pour un avion de surveillance maritime, le contrat de l'armée de l'air française pour la remise à niveau d'une cinquantaine de Mirage 2000, tandis qu'il lui reste encore 34 avions Rafales à livrer, un chiffre qui a vocation à s'accroître sous la prochaine mandature. Par ailleurs, Eric Trappier a confirmé qu'en dépit du Brexit, les travaux avec la Grande-Bretagne pour réaliser un démonstrateur d'avion de combat du futur se poursuivait, et il a souligné que le groupe attendait avec impatience le contrat d'études européen pour réaliser en collaboration avec Leonardo et Airbus un prototype de drône Male (moyenne altitude, longue endurance). «Le financement est modeste, mais il s'agit à partir de 2020 de lancer un tout nouveau produit», s'enthousiasme-t-il A. B. In les Echos