Un match de football n'est pas un spectacle misogyne. Le sport en lui-même attire de plus en plus la gent féminine, n'en déplaise aux récalcitrants machistes. Les derniers succès de l'équipe nationale dans les phases de qualification combinées à la Coupe du monde et celle d'Afrique des nations, le prouvent bien. Les youyous succédant au sifflet de l'arbitre pour signaler un but marqué ou la fin du match ont résonné à travers le territoire national. Même si l'on consent que certains hommes arrivent à pousser ce genre de cri de liesse, les grandes spécialistes restent les femmes. Les défilés de joie après les victoires de l'EN ne comptaient pas que des hommes. Des femmes, des jeunes filles et fillettes s'en sont également donné à cœur joie. Enveloppées dans les couleurs nationales, dans leurs véhicules ou sur les balcons, elles ont scandé les mêmes slogans, chanté les chansons de supporters et poussé la voix jusqu'à irritation des cordes vocales. Pourquoi donc les prive-t-on d'assister aux rencontres de leurs favoris dans les stades ? L'initiative de la Fédération algérienne de football et de la direction du stade du 5 Juillet de permettre aux familles d'assister au match Algérie-Uruguay est à saluer. C'est un grand ravissement de voir sur l'écran de télévision, une fois n'est pas coutume, des femmes, jeunes et moins jeunes, installées dans les gradins, portant le fanion national et exultant de bonheur lors de l'inscription du but de la victoire. Avant cette image, les esprits récalcitrants craignaient des débordements. Ce qui est légitime quand on connaît l'ambiance qui règne dans nos stades. La rencontre de mercredi dernier a fait taire ces pessimismes. Elle en a étonné plus d'un. Aucun dépassement. Le respect à l'égard des familles présentes était total. Aucune vulgarité ni obscénité n'a été vociférée. On concèdera volontiers que le capital sympathie de cette équipe nationale qui arrive à gagner des matches ainsi que la bonne prestation des Fennecs sont pour quelque chose dans cette bonne ambiance, mais les faits sont là. Même à la sortie du stade, aucun incident majeur n'a été signalé. Il faut rendre hommage dans ce sens aux organisateurs. L'autre facteur qui a joué un rôle important dans cette «nouveauté» (qui n'en est pas une au fait, car, par le passé, lors de rencontres importantes en Algérie, des familles s'installaient dans les tribunes officielles), est le prix d'accès au stade. A 1 000 DA le ticket, un tarif jugé excessif, les jeunes adolescents, pour certains source d'ennuis, étaient absents. Par contre, à ce prix-là, les organisateurs auraient pu prévoir un espace de restauration rapide ou des vendeurs de sandwiches et pas uniquement dans les tribunes officielles. Un autre grief à l'encontre des organisateurs : l'initiative de faire entrer les familles dans les stades est, certes, louable, mais pour crédibiliser la démarche, c'était aux officiels de donner l'exemple. Qu'est-ce qui les empêche de venir à leur tour avec leurs familles ? Ce serait un gage supplémentaire de la félicité de la décision. Le Championnat national qui vient de démarrer est long. Espérons que l'initiative se généralisera. S. A.